Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 8, 1838.djvu/187

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

« Ma foi, vraiment, répondit le caporal, le corps-de-garde, comme dit Votre Seigneurie, va être bien fatigué d’un pareil service ; la peur nous a tous gagnés, et personne ne veut monter la garde tout seul. Nous avons donc rappelé un ou deux avant-postes de Banbury, et un nouveau renfort nous arrivera demain matin d’Oxford. »

Éverard continua à s’enquérir minutieusement de la position des sentinelles au dehors aussi bien qu’au dedans du château, et trouva que, comme elles avaient été placées sous les yeux d’Harrison lui-même, les règles d’une prudente discipline avaient été exactement observées dans la distribution des postes. Il ne restait donc rien à faire au colonel Éverard, sinon à recommander, en se rappelant sa propre aventure de la soirée, qu’on plaçât une sentinelle de plus, avec un compagnon, si c’était jugé nécessaire, dans ce vestibule ou antichambre sur laquelle ouvraient la longue galerie et d’autres files d’appartements, et où il avait lui-même rencontré un inconnu. Le caporal lui promit respectueusement que tous ses ordres seraient ponctuellement exécutés. Les domestiques, appelés, apparurent aussi en double force. Éverard demanda si les commissaires étaient couchés, et s’il était impossible de leur parler.

« Ils sont déjà dans leur chambre, répondit l’un d’eux ; mais je crois qu’ils ne sont pas encore déshabillés. — Quoi ! dit Éverard, » est-ce que le colonel Desborough et maître Bletson couchent tous les deux dans le même appartement ? — Leurs Honneurs l’ont voulu, répliqua le domestique ; et leurs secrétaires feront le guet toute la nuit. — Il paraît que c’est la mode de doubler les postes dans la maison, dit Wildrake ; si je pouvais seulement découvrir une ménagère à mine réjouie, je saurais bien aussi me mettre à la mode. — Paix, fou ! dit Éverard… Et où sont le maire et maître Holdenough ? — Le maire est retourné au bourg, à cheval derrière le soldat qui va à Oxford chercher le renfort ; et le digne ministre s’est logé dans la chambre où le colonel Desborough a passé la nuit dernière, dans celle où il pense avoir le plus de chances à recevoir la visite de… Votre Honneur doit comprendre. Que le Seigneur ait pitié de nous, car nous sommes bien tourmentés ! — Et où sont les gens du général Harrison ? dit Tomkins, les poltrons qui ne se hâtent pas de le reconduire à son appartement. — Voilà… voilà… voilà !… maître Tomkins, » répondirent trois gaillards en s’avançant avec la même consternation qui s’était emparée de tous les habitants de Woodstock.