Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 8, 1838.djvu/157

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ment, et communiquant, en divers endroits, avec le reste de la maison. Il pensa que ce pourrait être en cet endroit que s’étaient placés ceux qui voulaient faire les esprits ; d’autant plus que la longueur et la forme de ce corridor lui donnèrent à imaginer que l’endroit était très favorable pour imiter le bruit du tonnerre.

Résolu à s’assurer de la vérité, s’il était possible, il posa sa lumière sur une table dans le vestibule, et tâcha d’ouvrir la porte de la galerie. Mais alors il éprouva une forte opposition, soit qu’un verrou fût tiré en dedans, soit que, comme il le croyait plutôt, quelqu’un résistât à ses efforts. Cette dernière idée lui semblait d’autant plus probable que la résistance faiblissait et se renouvelait, au lieu de présenter l’opposition permanente d’un obstacle inanimé. Quoique Éverard fût jeune, vigoureux et endurci à la fatigue, il épuisa vainement ses forces en essayant d’ouvrir la porte ; après s’être arrêté un instant pour reprendre haleine, il allait recommencer ses efforts du pied et de l’épaule, et appeler même à son aide, quand, à sa grande surprise, en repoussant plus doucement la porte pour découvrir de quel côté elle résistait à ses efforts, elle céda tout-à-coup. Éverard entendit tomber à terre, comme brisé, quelque chose qui la retenait, et la porte fut toute grande ouverte. Le vent occasionné par l’ouverture soudaine de la porte éteignit la chandelle, et le colonel se trouva dans l’obscurité, sauf dans les endroits où le clair de lune, qu’arrêtait une longue file de fenêtres grillées, pénétrait imparfaitement dans la galerie qui se prolongeait devant lui dans des ténèbres noires à loger des esprits.

Cette mélancolique et douteuse lumière était encore affaiblie par une multitude de plantes grimpant à l’extérieur du mur, et qui, poussant en toute liberté depuis que l’on avait tout négligé dans ces antiques appartements, étaient parvenues à une hauteur extraordinaire, et avaient en certains endroits de beaucoup diminué et en d’autres tout-à-fait bouché les ouvertures des fenêtres, s’étendant entre les châssis de pierres massives et ciselées qui les partageaient en long et en large. De l’autre côté, il n’y avait pas du tout de fenêtres, et la galerie avait été autrefois entièrement revêtue de peintures, de portraits surtout, qui ornaient ce côté de l’appartement. La plupart des peintures avaient disparu ; mais des cadres vides d’un côté, et de l’autre des restes de portraits en lambeaux, se voyaient encore le long des murailles de la galerie délabrée. La vue en était si triste, et le lieu semblait si propre à de mauvais desseins, en supposant qu’il y eût des ennemis dans les environs,