Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 8, 1838.djvu/154

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remettant à la bonté de sa cause, le digne ministre passa devant Bletson, et, prenant d’une main une lumière accrochée à la muraille, ouvrit tranquillement la porte de l’autre, et dit en s’arrêtant sur le seuil : « Il n’y a rien ! » — Qui s’attendait donc à voir quelque chose, répondit Bletson, excepté ces grands benêts que le frisson prend à chaque bouffée de vent qui siffle dans les corridors de ce vieux manoir ! — Avez-vous remarqué, maître Tomkins, » dit un des valets à l’oreille du secrétaire de Desborough ; « avez-vous vu avec quel courage le ministre les a tous devancés ? Ah ! maître Tomkins, notre curé est le premier officier de l’Église ; tous vos prédicateurs laïques ne sont que des clubistes et des volontaires. — Me suive qui voudra, dit maître Holdenough, ou marche devant moi qui peut en avoir envie ; je visiterai tous les endroits habitables de la maison avant d’en sortir, et m’assurerai par moi-même si Satan s’est réellement logé dans cet affreux repaire d’anciennes iniquités, ou si, comme cet homme dont parle le saint David, nous sommes effrayés et prenons la fuite lorsque personne ne nous poursuit. »

Harrison, qui avait entendu ces mots, se leva tout-à-coup, et dégainant son épée, s’écria : « Y eût-il autant de démons dans la maison que j’ai de cheveux sur la tête, n’importe ! je les chargerai jusque dans leurs derniers retranchements. »

À ces mots, il brandit son épée, et fut en toute hâte se mettre à la tête de la colonne et à côté du ministre. Le maire de Woodstock rejoignit ensuite le bataillon, se croyant peut-être plus en sûreté en la compagnie de son pasteur ; et toute la bande se mit en marche, rangs serrés, accompagnée des domestiques qui servaient d’éclaireurs, pour chercher dans la Loge la véritable cause de la terreur panique qui semblait les avoir tous si subitement saisis.

« Holà ! je suis des vôtres, mes amis, » dit le colonel Éverard, qui était resté immobile de surprise, et qui se mettait en devoir de rejoindre la troupe, tandis que Bletson le tirait par son manteau et le suppliait de rester.

« Vous voyez, mon cher colonel, » en affectant un courage qui démentait sa voix tremblante, « il n’y a que vous et moi, ainsi que l’honnête Desborough, pour garder la garnison, tandis que les autres font une sortie. En pareil cas on ne doit point hasarder tout son monde… ce serait violer l’art militaire… ha, ha, ha ! — Au nom du ciel ! que veut dire tout cela ? répondit Éverard. J’ai entendu conter de ridicules histoires d’apparition en venant de ces