Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 8, 1838.djvu/129

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vitriol et de poivre ; et nous n’ignorons pas que vous êtes de fidèles enfants de l’Église que nous avons réformée en la purgeant des maximes du papisme et de l’épiscopat. — Mon bon et révérend ami, je respecte la piété et le savoir d’un grand nombre de vos prédicateurs ; mais je suis grand partisan de la liberté de conscience. Je ne fais point cause commune avec les sectaires, mais je ne désire pas les voir en butte à la violence — Monsieur, monsieur, » dit le presbytérien vivement, « tout cela est bel et bon ; mais je vous donne à penser quel beau pays et quelle belle église nous sommes à la veille d’avoir, au milieu des erreurs, des blasphèmes et des schismes qui tous les jours sont introduits dans l’Église et dans le royaume d’Angleterre ; au point que le digne maître Édouard, dans son Gangrena, déclare que notre pays natal est l’évier et l’égout de tous les schismes, hérésies, blasphèmes et confusions, comme l’armée d’Annibal était, dit-on, le rebut de toutes les nations… colluvies omnium gentium… Ah ! croyez bien, digne colonel, que ces messieurs de l’honorable chambre ne surveillent tout cela que légèrement et ferment un œil de connivence, comme le vieil Élie. Les instructeurs, les schismatiques expulsent les ministres orthodoxes de leurs chaires, s’introduisent dans les familles pour y porter le désordre, et bannissent des cœurs des hommes la foi établie. — Mon cher maître Holdenough, il y a bien à gémir sur ces malheureuses discordes, et je conviens avec vous que l’exaltation du moment actuel a entraîné les esprits hors des limites d’une religion sincère et modérée, au delà du décorum et du bon, sens ; mais la patience est le seul remède. L’enthousiasme est un torrent dont l’écume ne s’affaisse qu’avec le temps, tandis qu’à coup sûr il entraîne toute barrière qu’il rencontre sur son passage. Mais quel rapport ont les intrigues schismatiques avec le motif de notre réunion ? — Ma foi ! le voilà en partie développé, monsieur, dit Holdenough, quoique peut-être vous puissiez en prendre moins de souci que je ne l’aurais pensé avant d’avoir eu l’honneur de vous entretenir. J’ai été moi-même, moi Whennah Holdenough, » ajouta-t-il d’un air d’importance, « j’ai été arraché de ma propre chaire, comme un homme peut l’être de sa maison, par un étranger, un intrus, un loup qui n’a pas eu même la précaution de se couvrir de la peau de la brebis, et qui est venu comme un loup, couvert de buffle et portant bandoulière, prêcher à ma place mes ouailles, qui sont pour moi ce qu’un troupeau est pour un berger… Ce n’est que trop vrai, monsieur.. Monsieur le maire l’a vu et a