Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 8, 1838.djvu/128

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de Woodstock, ainsi que le révérend maître d’Holdenough, venaient prendre ses ordres.


CHAPITRE X.

LE MAIRE ET LE MINISTRE.


Nous avons ici une tête sur deux corps… Votre bœuf à deux têtes n’est qu’un ânon, en comparaison d’un tel prodige. Ces deux corps n’ont qu’un vouloir, qu’une pensée, qu’un désir ; et quand la tête a parlé, les quatre pieds grattent pour applaudir.
Vieille Comédie.


Il y avait dans la bonne tournure de l’honnête maire un singulier mélange d’importance et d’embarras, qui lui donnait la contenance d’un homme qui, sentant qu’il a un rôle important à remplir, ne sait au juste en quoi il consiste ; mais à ces deux sentiments se mêlait le grand plaisir qu’il éprouvait de voir Éverard, et il recommença plusieurs fois ses compliments avant de pouvoir se résoudre à écouter ce que le colonel lui répondait.

« Bon et digne colonel, vous êtes, à coup sûr, en tout temps un bienfait désirable pour Woodstock ; car, avant habité si long-temps ce palais, vous pouvez presque passer pour un de nos concitoyens. Vraiment les choses commencent bien à dépasser ma capacité, quoique je sois chargé des affaires de cette petite ville depuis bien des années ; et vous arrivez à mon secours comme… comme… — Tanquam Deus ex machinâ, comme dit le poète païen, reprit maître Holdenough, quoique je ne puise pas souvent mes citations dans de pareils livres. Certainement, maître Markham Éverard, ou plutôt digne colonel, vous êtes assurément l’homme le mieux venu à Woodstock depuis les jours du vieux roi Henri. — Nous avons une affaire à régler ensemble, mon bon ami, » dit le colonel en s’adressant au maire, « et je serai charmé si par la même occasion je puis vous être de quelque utilité, ainsi qu’à votre digne pasteur. — Vous le pouvez assurément, mon cher monsieur, » reprit brusquement maître Holdenough ; « vous avez tout ce qu’il faut pour cela, et les conseils d’un homme comme vous sont généralement très estimés. Je sais, digne colonel, que vous et votre digne père vous avez toujours montré dans ces temps malheureux un esprit vraiment chrétien et modéré, cherchant à verser de l’huile sur les blessures du pays, tandis que d’autres les auraient voulu frotter de