Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 8, 1838.djvu/110

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« Cette lettre, lui dit-il, vous me l’apportez de la part de votre maître ou de votre patron Markham Éverard ?… excellent homme, aussi honorable que gentilhomme qui porta jamais épée, et qui s’est conduit d’une manière si distinguée lors de l’affranchissement des trois pauvres et malheureuses nations… Ne me réponds pas, je sais ce que tu me dirais… Et cette lettre, il me l’a envoyée par toi, son clerc ou son secrétaire, en qui il a confiance, et qu’il me prie d’honorer de la mienne, afin qu’il y ait entre nous un messager soigneux et actif : en un mot, il t’a envoyé près de moi… Ne me réponds pas, je sais ce que tu me dirais… Près de moi, disais-je, qui méritant si peu de considération, me trouverais déjà trop honoré de porter la hallebarde dans cette grande et victorieuse armée d’Angleterre, et suis néanmoins élevé au rang de chef, et porte le bâton de commandement… Non, ne me réponds pas, mon ami ; encore une fois, je sais ce que tu dirais… Or, tandis que nous conférons ensemble, notre discours, conformément à ce que je t’ai dit, embrasse trois sujets, et se divisera en trois points : le premier sera relatif à ton maître ; le second aura trait à ce qui me concerne, moi et la place que j’occupe ; le troisième et dernier te sera consacré… Or, quant à ce brave et digne gentilhomme, le colonel Markham Éverard, il s’est montré véritablement homme depuis le commencement de ces malheureuses dissensions, et ne s’est jamais un seul instant écarté du but qu’il se proposait d’atteindre. Oui, vraiment, c’est un honorable et fidèle gentilhomme, un soldat qui peut bien m’appeler son ami, et vraiment, c’est un titre que je suis charmé qu’il veuille bien me donner. Néanmoins, dans cette vallée de larmes, nous devons être moins gouvernés par les intérêts privés et personnels que par ces grands principes, ces belles règles du devoir, d’après lesquels le noble colonel Markham Éverard a toujours dirigé sa conduite, comme je m’efforce d’y conformer la mienne, afin que nous agissions tous comme il convient à de nobles Anglais et à de dignes patriotes. Ainsi, quant à Woodstock, c’est un grand privilège que sollicite le noble colonel ; ce sera encore autant de moins pour nos hommes pieux, qu’on laissera en la possession des Moabites, et particulièrement de ce malveillant Henri Lee, qui a toujours levé la main contre nous quand il en a trouvé l’occasion. Il demande, dis-je, un grand privilège en ce qui nous concerne, lui et moi ; car nous autres soldats de cette pauvre mais sainte armée d’Angleterre, nous sommes regardés par les membres du parlement comme des gens qui doivent lui livrer leur butin sans avoir