Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 8, 1838.djvu/107

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son caractère, qui imprimaient l’effroi, si elles n’inspiraient pas le respect ; et parfois même, cet aspect sombre et subtil s’épanchait de manière à lui concilier l’affection. Son goût prononcé pour la plaisanterie se montrait par accès, mais ses plaisanteries étaient communes et souvent ignobles. Quelquefois son caractère se rapprochait de celui de ses compatriotes : alors c’était mépris de la vanité, haine de l’affectation, horreur des cérémonies, ce qui, joint aux brillantes qualités de bon sens et de courage, faisait d’Olivier, à bien des égards, un convenable représentant de la démocratie d’Angleterre.

Sa religion sera toujours un grand sujet de doute, que probablement il lui eût été difficile d’éclaircir. Sans contredit, il y eut une époque de sa vie où il fut sincèrement enthousiaste, et où son caractère naturel, quelque peu sujet à l’hypocondrie, fut violemment agité par le fanatisme qui influait alors sur tant de personnes. D’un autre côté, durant sa carrière politique, il y eut des périodes où certainement nous ne serons pas assez injuste pour l’accuser d’une affectation hypocrite. Nous aurions probablement meilleure opinion de lui, ainsi que d’autres personnages du temps, si nous supposions que leurs opinions religieuses leur étaient dictées par la conviction plutôt que par leurs propres intérêts : le cœur humain est si ingénieux à se tromper lui-même ainsi que les autres, qu’il est probable que ni Cromwell, ni ceux qui avaient de pareilles prétentions à une piété ardente, n’eussent pu marquer exactement où leur enthousiasme finissait et où commençait leur hypocrisie ; ou plutôt ce rapport n’existait pas d’une manière absolue, mais il changeait avec la bonne ou la mauvaise fortune, et avec le courage ou le découragement des individus.

Tel était le fameux personnage qui, se tournant vers Wildrake, et examinant notre homme des pieds à la tête, sembla si peu satisfait, qu’il ramena, comme par instinct, son baudrier en avant, de manière à être en mesure de saisir la poignée de sa longue épée ; mais ensuite, croisant ses bras sous son manteau, comme si une autre pensée lui eût fait rejeter ses soupçons, ou croire une telle précaution indigne de lui, il demanda au Cavalier qui il était et d’où il venait.

« Un pauvre gentilhomme, monsieur… milord, répondit Wildrake, et j’arrive de Woodstock. — Et quelles nouvelles m’apportez-vous, monsieur le gentilhomme ? » demanda Cromwell avec emphase. « En vérité, j’ai vu bien des gens avides de porter ce