Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 7, 1838.djvu/9

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quaire Un excellent caractère auquel se joignait une légère teinte de causticité, de l’instruction, de l’esprit, de l’originalité, et tout cela rendu plus piquant par ces singularités qui caractérisent le vieux célibataire, une profondeur de bon sens que la bizarrerie de l’expression faisait ressortir encore, étaient, suivant l’auteur, les seules qualités par où la créature de son imagination ressemblât à son bienveillant et excellent vieil ami.

Le rôle considérable que joue le mendiant dans la narration suivante a engagé l’auteur à joindre ici quelques remarques sur ce caractère, tel qu’il existait autrefois en Écosse, quoique maintenant on en retrouve à peine la trace.

Il y avait beaucoup de ces vieux mendians écossais qui ne pouvaient être confondus avec cette classe d’hommes entièrement dégradés qui se livrent maintenant à ce métier de vagabondage. Quelques uns, qui avaient l’habitude de parcourir un certain district, étaient ordinairement bien reçus dans la salle du fermier ou dans les cuisines du gentilhomme campagnard. Martin, l’auteur du Reliquiœ divi sancti Andreœ, écrit en 1683, fait le récit suivant d’une classe de cet ordre d’individus au dix-septième siècle, et dans des termes qui pourraient faire regretter son extinction à un antiquaire tel que M. Oldbuck. Il les suppose descendus des anciens bardes, et il continue : « Ils sont appelés par les autres et s’appellent eux-mêmes Jockeys, qui s’en vont mendiant ; ils sont encore dans l’habitude de répéter le Sloggome (mot de ralliement ou cri de guerre) de la plupart des véritables et anciens noms de l’Écosse, d’après leur vieille expérience et leurs observations. J’ai conversé avec quelques uns d’entre eux, et leur ai trouvé du sens et de la discrétion. L’un me dit qu’ils n’étaient pas maintenant plus de douze dans l’île entière, mais qu’il se rappelait le temps où ils y étaient en grand nombre et où il était un des cinq qui se réunissaient ordinairement à Saint-André. »

Cette race de Jockeys, telle qu’elle est ici décrite, est depuis long-temps, je présume, éteinte en Écosse ; mais le mendiant tel qu’on se le rappelle encore, même de mon temps, semblable au Baccoch ou l’Estropié voyageur de l’Irlande, devait mériter l’hospitalité qu’on lui donnait par quelque chose de plus que par l’exposition de sa détresse. C’était souvent un gaillard facétieux et bavard, prompt à la repartie, et n’étant retenu dans l’exercice de cette faculté par aucun respect des personnes, son manteau rapiécé lui donnant le privilège des anciens bouffons. Être un bon plaisant ;