Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 7, 1838.djvu/73

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Buvez un verre de vin, sir Arthur, pour faire couler ce catalogue de noms barbares qui étrangleraient le diable ; le dernier de ces noms est le seul qui soit intelligible ; ils sont tous de la tribu de Mac Fungus, race de monarques qui ont poussé comme des champignons, et qui n’est que le produit du cerveau fêlé de quelque barde écossais[1], née des vapeurs de la vanité et de la folie, non peut-être sans quelque mélange d’artifice.

— Je suis étonné de vous entendre parler ainsi, monsieur Oldbuck ; vous savez ou devez savoir que la liste de ces souverains a été copiée par Henri Maule de Melgum, d’après les chroniques de Lochleven et de Saint-André, et donnée par lui dans sa courte mais satisfaisante Histoire des Pictes, imprimée par Robert Freebairn, d’Édimbourg, et vendue par lui en sa boutique, dans l’enclos du parlement, l’an de grâce 1705 ou 1706 ; car je n’en suis pas positivement sûr : mais j’en ai un exemplaire chez moi, à côté de mon exemplaire in-12 des Actes écossais, et qui tient fort bien son rang sur mes tablettes, auprès de ce dernier. Qu’avez-vous à dire à cela, monsieur Oldbuck ?

— J’ai à dire que je me moque de Henri Maule et de son Histoire, répondit Oldbuck, et j’accède ainsi à votre demande en le traitant comme il le mérite.

— Ne vous moquez pas de ce qui vaut mieux que vous, dit sir Arthur un peu dédaigneusement.

— C’est ce que je ne crois pas faire, en me moquant de lui ou de son Histoire.

— Henri Maule de Melgum était un gentilhomme, monsieur Monkbarns.

— Je présume que ce n’est pas en cela qu’il avait l’avantage sur moi, répliqua l’Antiquaire un peu aigrement.

— Permettez-moi, monsieur Oldbuck, c’était un gentilhomme d’une haute famille, d’une ancienne origine, et c’est pourquoi…

— Le descendant d’un imprimeur de Westphalie ne doit parler de lui qu’avec égard : telle peut être votre opinion, sir Arthur, mais ce n’est pas la mienne. Je suis d’avis que l’origine que je tiens de ce laborieux et industrieux typographe Wolfbrand Oldenbuck, qui, au mois de décembre 1493, sous le patronage de Sebaldus Scheyter et de Sébastien Kammermaister, comme nous l’apprend l’index, acheva l’impression de la Chronique de Nuremberg ; je suis

  1. Seannachie, dit le texte ; mot écossais appliqué à un barde qui chantait la généalogie de telle ou telle famille. a. m.