Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 7, 1838.djvu/455

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chions un autre auquel vous puissiez avoir un titre solide et légal.

— Monsieur, je me flatte que le malheur de ma naissance ne vous paraît pas un sujet qui puisse prêter à la plaisanterie.

— En aucune façon, jeune homme, répondit l’Antiquaire en l’interrompant. Je crois en savoir plus que vous-même sur votre naissance, et pour vous en convaincre, je vous dirai que vous avez été élevé et connu comme le fils naturel de Geraldin Neville de Nevillesburgh en Yorkshire, et destiné, je suppose, à être son héritier.

— Pardonnez-moi. Je ne fus pas autorisé à concevoir de telles espérances : on n’épargna rien pour mon éducation, et on employa l’argent et le crédit pour me faire avancer dans l’armée ; mais je crois que mon père supposé avait eu souvent des idées de mariage, quoiqu’il ne les ait jamais réalisées.

— Pourquoi dites-vous mon père supposé ? qui peut vous porter à croire que M. Geraldin Neville n’était pas réellement votre père ?

— Je suis convaincu, monsieur Oldbuck, que vous ne me feriez point de questions sur un point aussi délicat pour satisfaire seulement une vaine curiosité ; je vous avouerai donc sans déguisement que l’année dernière, pendant que nous occupions une petite ville de la Flandre française, je rencontrai dans un couvent, près duquel j’étais logé, une femme qui parlait anglais d’une manière remarquable… Elle était Espagnole, et s’appelait Theresa d’Acunha… Dans le cours de notre connaissance, elle découvrit qui j’étais et se fit connaître à moi comme la personne qui avait eu soin de mon enfance. Elle me fit entendre plus d’une fois que j’appartenais à un rang élevé, que des injustices avaient été commises à mon égard, et me promit une révélation plus complète dans le cas de la mort d’une dame qui était en Écosse, et durant la vie de laquelle elle était résolue à garder le secret. Elle me déclara aussi que M. Geraldin Neville n’était pas mon père. Nous fûmes attaqués par l’ennemi et chassés de la ville, qui fut livrée au pillage et à la fureur des républicains. Les ordres religieux étaient surtout l’objet de leur haine et de leur cruauté… Le couvent fut totalement brûlé, plusieurs religieuses y périrent, entre autres Theresa, et je perdis avec elle tout espoir de jamais connaître le secret de ma naissance… Mais tout me porte à croire qu’elle fut accompagnée de circonstances tragiques.

Raro antecedentem scelestum, ou, comme je puis dire ici,