Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 7, 1838.djvu/423

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tyre vola vers elle, pendant que, consternée par la conviction de la ruine de son père, elle restait immobile sur le seuil de la porte. « Ma chère miss Wardour, lui dit-il, calmez vos inquiétudes ; mon oncle va venir à l’instant, et il trouvera, j’en suis certain, quelque moyen de vous débarrasser de ces coquins-là.

— Hélas ! capitaine Mac Intyre, je crains qu’il ne soit trop tard.

— Non, répondit Édie impatiemment, si je pouvais seulement arriver à Tannonburgh… Au nom du ciel ! capitaine, trouvez quelque moyen de m’y faire transporter, et ce sera pour cette malheureuse famille ruinée la meilleure œuvre qui ait été faite depuis le temps de Main-Rouge ; car, par la foi d’un vieux dicton, le château et la terre de Knockwinnock seront aujourd’hui perdus et reconquis.

— Et quel bien pouvez-vous faire ici, vieillard ? » dit Hector.

Mais Robert, le domestique dont sir Arthur avait été si mécontent le matin, et qui semblait guetter l’occasion de déployer son zèle, s’avança rapidement, et dit à sa maîtresse : « Sous votre bon plaisir, je ferai observer à madame que ce vieil homme, Édie Ochiltree, a beaucoup de savoir et d’expérience dans bien des choses, telles que les maladies des bestiaux et objets semblables, et je suis bien sûr que ce n’est pas sans motif qu’il veut aller aujourd’hui à Tannonburgh, surtout de la manière dont il insiste ; et si c’était le bon plaisir de madame, je l’y conduirais dans la carriole, en moins d’une heure. Je serais bien heureux d’être bon à quelque chose ; car je m’arracherais la langue, quand je pense à ce matin.

— Je vous suis obligée, Robert, dit miss Wardour, et si vous croyez réellement qu’il y ait la moindre chance d’utilité…

— Au nom du ciel ! dit le vieil homme, attelez la carriole, Robert, et si je ne réussis pas à être utile d’une manière ou d’une autre, je vous permets de me jeter par dessus le pont de Kittlebrig, à notre retour. Mais, ô mon ami, depêchez-vous, car les momens sont précieux aujourd’hui. »

Robert regarda sa maîtresse qui entrait dans la maison, et voyant qu’elle ne lui défendait rien, il courut à la remise qui tenait à la cour, afin d’atteler la voiture ; car, quoiqu’un vieux mendiant fût le dernier personnage dont on pût attendre des secours effectifs dans un cas de détresse pécuniaire, cependant tous les gens de la classe inférieure qui connaissaient Édie avaient généralement sur sa sagacité et sa prudence des idées qui autorisaient Robert à conclure qu’il n’insisterait pas si fort sur la nécessité de ce voyage, s’il n’avait pas la conviction de son utilité. Mais le domestique ne