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— Je ne savais pas que vous fussiez occupé d’autre chose, sir Arthur ; et comme M. Taffril est un brave officier et un compatriote, je pensais que vous seriez bien aise d’apprendre…

— Oh ! je suis très aise, enchanté ; et pour vous enchanter à mon tour, je vais vous communiquer quelques unes de mes bonnes nouvelles. » Alors tirant une lettre, « Peu m’importe, dit-il, laquelle j’ouvrirai ; elles sont toutes sur le même ton. »

Il en brisa le cachet à la hâte, la parcourut, et la jetant à sa fille : « Justement, je ne pouvais, s’écria-t-il, mieux tomber ! ceci prépare bien pour le reste. »

Miss Wardour, dans une silencieuse terreur, prit la lettre. « Lisez-la, lisez-la tout haut, dit son père ; on ne peut l’entendre trop souvent ; cela servira d’ailleurs à vous préparer à d’autres bonnes nouvelles du même genre. »

Elle commença à lire d’une voix entrecoupée : « Mon cher monsieur… »

« Il m’appelle aussi son cher monsieur, cet impudent valet de procureur, qui, il y a un an, n’était pas fait pour s’asseoir à la table de mes domestiques ; bientôt, je présume, il m’appellera son cher chevalier.

« Mon cher monsieur… » reprit miss Wardour ; puis s’interrompant : « Mais, monsieur, dit-elle, je vois que le contenu de cette lettre est peu agréable, et ne fera que vous irriter si je la lis tout haut.

— Si vous voulez bien me permettre d’en agir comme bon me semble, ayez, je vous prie, la bonté de continuer, miss Wardour ; si la chose était inutile, je ne vous donnerais pas cette peine. »

Miss Wardour reprit la lecture de la lettre : « Mon cher monsieur, étant entré en association depuis peu avec M. Gilbert Greenhorn, fils de feu votre correspondant et homme d’affaires, dont j’ai depuis plusieurs années dirigé les affaires comme clerc du parlement, et dont l’étude sera désormais tenue au nom de Greenhorn et de Grinderson (ce que je vous prie de vouloir bien vous rappeler en adressant désormais vos lettres), et ayant, en l’absence de mondit associé Gilbert Greenhorn qui est allé aux courses de Lamberton, pris connaissance de la lettre dont vous l’avez dernièrement honoré, j’ai l’honneur de répondre à ladite lettre… »

« Vous voyez que j’ai là un ami qui a de la méthode, et qui commence par m’exprimer les causes qui m’ont procuré un correspondant aussi distingué et aussi modeste. Continuez, j’ai de la patience. »