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de Windsor, et se proposait de faire dessiner le parc d’une manière qui y aurait répondu. Déjà il voyait en imagination ses vestibules remplis d’une foule de valets à livrée, etc. ; car à quoi ne peut aspirer le possesseur de richesses illimitées ? la couronne d’un marquis ou peut-être d’un duc étincelait déjà devant ses yeux. À quels partis sa fille ne pouvait-elle pas prétendre ! une alliance avec le sang royal n’allait même pas au delà de ses espérances ; son fils était déjà général, et quant à lui, il devenait tout ce que les rêveries les plus extravagantes de l’ambition pouvaient lui suggérer.

Dans cette humeur, si quelqu’un essayait de ramener sir Arthur aux réalités de la vie, il répondait à peu près comme le vieux Pistol :

« Peu m’importe le monde et ses vils habitans :
Je parle de l’Afrique et de tous ses présens. »

Le lecteur peut concevoir quel avait été l’étonnement de miss Wardour, quand, au lieu d’être interrogée sur ses rapports avec Lovel, comme elle s’y était attendue après la longue conférence que son père avait eue avec M. Oldbuck, le matin du jour mémorable où le trésor avait été découvert, la conversation de sir Arthur lui montra une imagination échauffée par l’espérance de posséder des richesses inépuisables. Mais elle s’alarma sérieusement quand le lendemain matin son père envoya chercher Dousterswivel, s’enferma avec lui, le consola de son accident, prit son parti, et le dédommagea de sa perte. Tous les soupçons que cet homme lui inspirait depuis long-temps se fortifièrent en le voyant chercher à nourrir les brillantes chimères de son père, et sous divers prétextes à se faire mettre entre les mains tout ce qu’il put du trésor si étrangement échu à sir Arthur.

D’autres symptômes effrayans se succédèrent rapidement les uns aux autres. Chaque courrier apportait des lettres que sir Arthur, après en avoir regardé l’adresse, s’empressait de jeter au feu sans prendre la peine de les ouvrir. Miss Wardour ne pouvait s’empêcher de soupçonner que ces épîtres dont son père semblait, comme par instinct, deviner le contenu, venaient de créanciers pressans. Pendant ce temps, le secours temporaire que lui avait fourni le trésor s’était rapidement écoulé. La plus grande partie en avait été absorbée par la nécessité de payer cette lettre de change de 600 livres sterling qui menaçait sir Arthur d’une ruine immédiate. Une partie du reste avait été donnée à l’adepte, une autre prodiguée en folles dépenses que le pauvre baronnet croyait pleinement autori-