Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 7, 1838.djvu/397

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sonne ne voudrait faire crédit d’une obole à un pauvre mendiant.

— Paix donc, bonhomme ! Cependant, comme il fallait une compulsion au paiement auquel le débiteur a naturellement de la répugnance, selon que j’ai trop lieu d’en être convaincu par ma propre expérience, nous avions des lettres de quatre formes : c’était d’abord une invitation polie par laquelle, au nom de notre souverain seigneur le roi, qui s’intéresse comme doit le faire un monarque au règlement des affaires de ses sujets, on employait d’abord des exhortations indulgentes ; ensuite venaient des lettres contenant des injonctions plus sévères, des sommations plus rigoureuses… Que voyez-vous donc de si extraordinaire à cet oiseau, Hector ? ce n’est qu’une mouette de mer.

— C’est un pictarnie[1], monsieur, dit Édie.

— Eh bien, quand ce serait, qu’est-ce que cela fait à présent ? Mais je vois que vous êtes impatient, je laisserai donc de côté les lettres de quatre formes, et j’arriverai au moyen moderne de diligence. Vous supposez maintenant qu’un homme est mis en prison pour ne pouvoir payer sa dette ? Il en est tout autrement ; la vérité est que c’est le roi qui a la bonté d’intervenir à la requête d’un créancier, et d’envoyer au débiteur son ordre royal d’avoir à le satisfaire dans l’espace d’un temps donné, quinze jours par exemple, ou six, plus ou moins suivant le cas. Eh bien ! si l’homme résiste et désobéit, que s’ensuit-il ? il est légalement et formellement déclaré rebelle envers notre gracieux souverain aux ordres duquel il a désobéi, et cela par trois fois, au son du cor, sur la place du marché d’Édimbourg, capitale de l’Écosse. Ensuite il est légalement emprisonné, non pas à cause de sa dette civile, mais pour le mépris qu’il a fait du mandat royal. Que dites-vous à cela, Hector ? voilà quelque chose de nouveau pour vous.

— Non, mon oncle ; mais si je manque d’argent pour payer mes dettes, je serai plus obligé au roi de m’en envoyer que de me déclarer rebelle à cause de mon impuissance d’obéir.

— Votre éducation ne vous a pas mis à portée de réfléchir sur ces matières, dit son oncle ; vous êtes incapable d’apprécier la délicatesse de cette loi ingénieuse et la manière dont elle sait concilier la rigueur, que pour la protection du commerce, on est obligé d’exercer envers les débiteurs réfractaires, avec le respect le plus scrupuleux pour la liberté du sujet.

— Je ne sais pas, monsieur, reprit le neveu dont les lumières ne

  1. Espèce de martin-pêcheur. a. m.