Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 7, 1838.djvu/382

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me suis faite ; car si je dois rester long-temps ici, mes amis m’auront bientôt oublié. Rien n’est plus vrai que le proverbe qui dit que les ahsens ont toujours tort, et il ne serait pas très honorable que moi, bedesman du roi, et autorisé à demander l’aumône de vive voix, j’allasse pendre un bas par une ficelle à la fenêtre de la prison pour pécher ainsi quelques liards. » En finissant cette observation il fut emmené hors de la salle.

La déposition de M. Dousterswivel contenait un récit exagéré de la violence qu’il avait soufferte, et de la perte qu’il avait faite.

« Mais j’aurais voulu lui demander, dit Monkbarns, quel était son but en se promenant dans les ruines de Saint-Ruth à une pareille heure, et avec un compagnon comme Édie Ochiltree. Il n’y a pas de route qui passe là, et je ne me persuaderai pas facilement que la passion du pittoresque ait pu entraîner notre Allemand dans ce lieu, par une nuit aussi orageuse… Il méditait, n’en doutez pas, quelque friponnerie, et il aura probablement été pris dans ses filets. Nec lex justior ulla[1]. »

Le magistrat convint qu’il y avait quelque chose de mystérieux dans cette circonstance, et s’excusa de ne pas avoir pressé Dousterswivel de s’expliquer là-dessus, sur ce que sa déclaration était volontaire. Mais à l’appui de l’accusation fondamentale il montra la déposition d’Aikwood sur l’état où Dousterswivel avait été trouvé, et établit le fait important que le mendiant avait quitté la grange où il était logé, et n’y était pas revenu. Deux des gens appartenant à l’entrepreneur des pompes funèbres et qui avaient fait partie cette nuit-là du cortège qui accompagnait l’enterrement de lady Glenallam, avaient aussi déclaré qu’envoyés à la poursuite de deux individus suspects qui s’échappèrent des ruines de Saint-Ruth, lorsque le cortège funèbre s’en approcha, et qu’on supposait avoir pu voler quelques uns des ornemens préparés pour la cérémonie, ils les avaient aperçus, perdus de vue, et retrouvés plusieurs fois, à cause de la nature du terrain qui n’était pas favorable à des cavaliers, mais qu’ils les avaient bien vus entrer tous deux dans la chaumière de Mucklebackit ; un de ces hommes ajouta que lui, le déclarant, étant descendu de cheval, et s’étant approché de la fenêtre de la cabane, il avait vu la vieille robe bleue et le jeune Steenie Mucklebackit avec d’autres, mangeant et buvant dans l’intérieur, et qu’il avait aussi remarqué que ledit Steenie montrait un petit portefeuille aux autres… le déclarant n’avait aucun doute

  1. Il n’y a pas de loi plus juste. a. m.