Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 7, 1838.djvu/374

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vée. Il me semble, dis-je, que vous pouvez le charger de toutes vos affaires sans qu’il vous faille dépenser la paie d’un jour pour un mauvais cabas de bois pourri, attelé de deux rosses, comme celui qui est à la porte, et qui n’est que le squelette d’une chaise de poste.

— Ce n’est pas une affaire de régiment qui m’appelle à Fairport, monsieur ; et puisque vous insistez pour en savoir la cause, je vous dirai que Caxon m’ayant appris que le vieux mendiant Ochiltree doit subir aujourd’hui un interrogatoire avant d’être mis en jugement, je suis bien aise de voir comment on en agira avec ce pauvre vieux diable. Voilà tout.

— Oui-dà ! j’ai bien entendu dire un mot de cela, mais je ne croyais pas que ce fût tout de bon. Et dites-moi, je vous prie, capitaine Hector, vous qui vous montrez toujours si prompt à servir de second à tout le monde, dans toutes les occasions de querelle, civile ou militaire, par terre ou par eau, sans en excepter les bords de la mer, dites-moi quel intérêt si particulier vous prenez au vieil Ochiltree.

— Il a été soldat dans la compagnie de mon père, répondit Hector, et d’ailleurs, un jour que j’étais sur le point de commettre une action bien insensée, il s’est présenté pour m’en empêcher, et m’a donné d’aussi bons avis que vous auriez pu le faire vous-même, monsieur, dans cette occasion.

— Et avec autant de succès, j’en ferais serment ! Allons, Hector, avouez que ses bons conseils ont été perdus.

— Je l’avoue, monsieur ; mais je ne vois pas pourquoi ma mauvaise tête m’empêcherait de lui tenir compte de ses bonnes intentions.

— Bravo ! Hector ; voilà la chose la plus raisonnable que je vous aie encore entendu dire ; mais confiez-moi toujours vos projets sans réserve, mon garçon. Vous voyez bien, je vais aller moi-même avec vous ; je suis sûr que le pauvre diable n’est pas coupable, et je puis lui être d’un secours plus réel que vous dans cet embarras. D’ailleurs cela vous épargnera une demi-guinée, mon cher, considération que je vous engage sincèrement à avoir plus souvent devant les yeux. »

Au moment où le dialogue entre l’oncle et le neveu avait paru s’animer un peu plus qu’il ne convenait peut-être devant un étranger, la politesse avait engagé lord Glenallan à se tourner du côté des dames, et à causer avec elles ; mais en entendant le ton de l’Antiquaire s’apaiser et devenir amical, il se mêla de nouveau à la con-