Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 7, 1838.djvu/360

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qui aurait accordé au peuple une sage liberté. Si maintenant une troupe d’insensés furieux s’est emparée du gouvernement, ce n’est qu’un événement commun dans toutes les révolutions où les mesures extrêmes sont adoptées dans la violence du moment, et où l’état ressemble à un pendule dérangé qui s’agite pendant quelque temps dans tous les sens jusqu’à ce qu’il ait pu reprendre son balancement ordinaire. On pourrait la comparer encore à un tourbillon orageux qui cause de grands ravages sur les régions qu’il traverse, et qui emporte pourtant les vapeurs malsaines et stagnantes qui y séjournaient, et répare, par la salubrité et l’abondance qui en sont la suite, les ravages et les désastres qui marquèrent son passage. »

Le comte secoua la tête ; mais, n’ayant le désir ni la force de soutenir la discussion, il laissa passer ce raisonnement sans le combattre.

Cette contestation donna lieu au jeune militaire de montrer qu’il avait déjà l’expérience de la guerre ; il parla des actions où il s’était trouvé, avec modestie, mais en même temps avec un enthousiasme de courage et de zèle qui enchanta le comte, élevé, comme tous ceux de sa maison, dans l’opinion que le métier des armes était le premier devoir de l’homme, et qui pensait que les tourner en ce moment contre les Français était une espèce de sainte croisade.

« Que ne donnerais-je pas, dit le comte à part à Oldbuck, lorsqu’ils se levèrent pour rejoindre les dames, que ne donnerais-je pas pour avoir un fils plein de feu et de courage comme ce jeune homme ! Ses manières ne sont pas encore formées ; il lui manque un peu de cet usage du monde que le contact de la bonne société lui aurait bientôt donné. Mais avec quel zèle et quelle ardeur il s’exprime ! comme il aime sa profession ! quelle chaleur il met à louer les autres ! et avec quelle modestie il parle de lui-même !

— Hector est très redevable à votre indulgence, » répondit l’oncle avec une satisfaction qui n’allait pourtant pas jusqu’à dissimuler le sentiment qu’il avait de sa supériorité intellectuelle sur le jeune militaire. « Je crois, sur ma foi, que personne n’a jamais dit la moitié tant de bien de lui, excepté peut-être le sergent de sa compagnie quand il veut enjôler quelque recrue écossaise ; c’est un brave garçon cependant, quoiqu’il ne soit pas tout-à-fait le héros que Votre Seigneurie voit en lui, et que la bonté de son caractère me semble plus digne de louanges que sa vivacité. Dans le fait,