Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 7, 1838.djvu/325

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de sa main, elle resta quelques momens debout à regarder fixement le lit sur lequel on avait déposé la bière de son petit-fils ; puis retombant graduellement sur sa chaise, elle se couvrit les yeux et le front de sa main livide et ridée.

En ce moment, le ministre entra dans la chaumière. M. Blattergowl, quoique terrible parleur, particulièrement au sujet des augmentations, localités, dîmes et ouvertures, dont il avait été question dans cette session de l’assemblée générale, où, malheureusement pour les auditeurs, il s’était trouvé agir une année comme modérateur, était néanmoins un bon chrétien devant Dieu et devant les hommes, dans toute l’étendue de l’expression écossaise. Aucun ecclésiastique n’était plus attentif à visiter les malades et les affligés, à moraliser la jeunesse, à instruire l’ignorance, et à détruire l’erreur. Aussi, nonobstant l’impatience que causaient à notre ami l’Antiquaire sa prolixité et ses préjugés personnels et ceux attachés à sa profession, et malgré un certain mépris habituel pour sa capacité, particulièrement en matière d’imagination et de goût, sur lesquels Blattergowl était ordinairement fort diffus, bien qu’il eût l’espérance de parvenir un jour à une chaire de rhétorique ou de belles-lettres ; malgré, dis-je, l’espèce de prévention que toutes ces circonstances excitaient contre lui, M. Oldbuck avait beaucoup d’estime et de respect pour ledit Blattergowl, quoique je sois forcé d’avouer qu’en dépit du sentiment des convenances et des sollicitations de ses femelles, il se laissait entraîner rarement à l’entendre prêcher. Mais il s’en excusait régulièrement tous les dimanches, jour où Blattergowl était invité à dîner à Monkbarns ; voulant par là témoigner ses égards à l’ecclésiastique d’une manière qu’il croyait devoir lui être pour le moins aussi agréable, et qui contrariait beaucoup moins les habitudes personnelles du vieux savant.

Terminant une digression qui ne peut servir qu’à faire un peu mieux connaître l’honnête ecclésiastique à nos lecteurs, nous dirons que sitôt que M. Blattergowl fut entré dans la chaumière et qu’il eut reçu les tristes et muettes salutations de la compagnie qui y était rassemblée, il s’approcha du malheureux père, et sembla chercher à lui glisser quelques mots de condoléance ou de consolation. Mais le vieillard était encore incapable de les recevoir. Il s’inclina pourtant brusquement, et secoua la main du ministre, comme pour reconnaître ses bonnes intentions, mais ne voulut ou ne put lui faire d’autre réponse.

Le ministre s’avança ensuite près de la mère, marchant sur le