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nimer, êtes-vous assez simple pour croire à l’antiquité réelle de tout ce verbiage de Macpherson ?

— Si je le crois, monsieur ! comment ne le croirais-je pas, quand j’ai entendu ces chants depuis mon enfance ?

— Mais non pas les mêmes de l’Ossian anglais de Macpherson. J’espère que vous n’êtes pas assez absurde pour soutenir cela ? » dit l’Antiquaire dont le front s’obscurcissait de colère.

Mais Hector était décidé à affronter la tempête. Comme plus d’un Celte obstiné, il imaginait que l’honneur de son pays et de sa langue natale était attaché à l’authenticité de ces poèmes populaires, et il aurait combattu à outrance et renoncé à ses biens et à sa vie, plutôt que d’en céder une ligne. C’est pourquoi il soutint avec intrépidité que Rory Mac-Alpin pouvait réciter le livre entier d’un bout à l’autre, et ce ne fut que sur une autre question qu’il modifia une assertion si générale en ajoutant : « Du moins si on lui eût donné du whiskey, il en aurait répété tant qu’on aurait voulu l’écouter.

— Oui, oui, dit l’Antiquaire, et ce n’était sûrement pas longtemps.

— Il est certain, monsieur, que nous avions à nous occuper de nos devoirs, qui ne nous permettaient pas de rester toute la nuit à écouter un joueur de cornemuse.

— Eh bien ! vous rappelez-vous maintenant, dit Oldbuck en serrant fortement les dents et en parlant sans les ouvrir, habitude qu’il avait quand il était contredit ; vous rappelez-vous maintenant aucun de ces vers que vous trouviez si beaux et si intéressans ? car vous êtes, je n’en doute pas, un fameux juge de ces sortes de choses.

— Je ne prétends pas être fort savant, mon oncle ; mais est-ce bien raisonnable à vous de vous fâcher contre moi parce que j’admire davantage les antiquités de mon pays que celles des Harold, des Harfuger, des Haco, dont vous êtes si enthousiaste ?

— Comment, monsieur, ces Goths puissans et indomptables furent eux-mêmes vos ancêtres ; ces Celtes à moitié nus qu’ils subjuguèrent, et auxquels ils accordèrent une vie que ce peuple craintif cachait dans les retraites de leurs rochers, ces Celtes n’étaient que leurs mancipia[1] et leurs serfs. »

Le front d’Hector se couvrit à son tour de rougeur. « Monsieur, dit-il, je n’entends pas très bien ce que veulent dire mancipia et serfe, mais assez pourtant pour sentir que ces noms sont très mal à propos appliqués à des montagnards écossais. Aucun autre homme

  1. Esclaves. a. m.