Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 7, 1838.djvu/316

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tions sont sujettes à faillir quand elles se trouvent combattues par nos penchans. Notre Antiquaire, pour ne laisser à désirer aucune explication, avait commencé par les rites funèbres des anciens Scandinaves, lorsque son neveu l’interrompit en remarquant qu’une énorme mouette de mer qui depuis quelque temps voltigeait autour d’eux, s’était approchée deux fois à la portée du fusil. Mais cet écart ayant été avoué et pardonné, Oldbuck reprit sa dissertation.

« Ce sont des circonstances dont vous devriez vous occuper, et qui devraient vous être familières, mon cher Hector ; car parmi les étranges événemens de la guerre qui agite maintenant tous les coins de l’Europe, qui sait où vous pouvez être appelé à servir ? Si c’était en Norvége, par exemple, ou en Danemarck, ou dans quelque partie de l’ancienne Scanie ou Scandinavie, comme nous l’appelons, quel avantage vous trouveriez à savoir sur le bout de vos doigts l’histoire des antiquités de cet ancien pays, l’officina gentium, la mère de l’Europe moderne, le berceau de ces héros

« Fermes dans la douleur, fermes dans les combats,
Souriant même alors que sonnait leur trépas ! »


« Quel encouragement pour vous, par exemple, de vous trouver, au terme d’une marche fatigante, dans le voisinage d’un monument runique, et de découvrir que vous auriez planté votre tente auprès de la tombe d’un héros !

— Je crois, monsieur, que notre ordinaire serait meilleur s’il nous arrivait par hasard de camper dans le voisinage d’une basse-cour bien garnie.

— Dieu ! comment pouvez-vous parler ainsi ? Qui peut s’étonner que les temps de Crécy et d’Azincourt se soient évanouis, quand le respect dû à l’antique valeur a cessé d’animer le cœur du soldat breton !

— Pas du tout, monsieur, en aucune façon, quoique j’ose affirmer qu’Édouard, Henri et le reste de ces héros pensassent à leur dîner avant de se mettre en peine d’examiner un vieux tombeau ; mais cela ne fait pas que nous soyons insensibles aux souvenirs de la gloire de nos pères, je vous assure. Il m’est bien souvent arrivé le soir de faire chanter au vieux Rory Mac-Alpin des vers tirés d’Ossian sur les batailles de Fingal et de Lamon-Mor, et sur Magnus et l’esprit de Muirartach.

— Et croyez-vous, demanda l’Antiquaire qui commençait à s’a-