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« Je suis vraiment fâché, monsieur, dit Hector, que Junon ait commis tant de désordres ; mais Jacques Muir-Head, qui se chargeait de dresser les chiens, n’a jamais pu la rompre ; elle a plus voyagé qu’aucune chienne que je connaisse : mais…

— Alors, Hector, je voudrais qu’elle allât voyager hors de chez moi.

— Nous ferons tous deux retraite demain ou aujourd’hui, mais je serais désolé de me retirer brouillé avec le frère de ma mère, au sujet d’un méchant pot cassé.

— mon frère ! mon frère ! s’écria miss Mac Intyre dans l’angoisse de l’effet qu’allait produire cette épithète injurieuse.

— Eh bien ! comment voudriez-vous que je l’appelasse ? continua Hector ; c’est précisément une chose de ce genre dont on se sert en Égypte pour faire rafraîchir le vin, le sorbet ou l’eau. J’en ai rapporté une paire, j’en aurais pu rapporter vingt.

— Quoi ! dit Oldbuck, de la forme de celui que votre chien a renversé ?

— Oui, monsieur, une espèce de vase de terre du genre de celui qui était sur le buffet. Ils sont dans mon logement à Fairport ; nous en avions rapporté quelques uns pour rafraîchir notre vin pendant la traversée ; ils remplirent très bien ce but. Si je pouvais croire qu’ils pussent tant soit peu réparer votre perte, ou vous être agréables, je me trouverais fort honoré que vous voulussiez bien les accepter.

— En vérité, mon cher enfant, je serai charmé de les posséder ; c’est depuis long-temps mon étude favorite de rechercher le rapport des nations entre elles par leurs usages et la similitude des ustensiles dont elles se servaient ; et tout ce qui peut me présenter quelque rapport de ce genre me devient précieux.

— Eh bien donc, monsieur, vous me ferez le plus grand plaisir en les acceptant avec quelques bagatelles du même genre. Et puis-je espérer maintenant que vous m’ayez pardonné ?

— Ô mon cher enfant ! vous n’êtes qu’un peu étourdi et un peu trop fou.

— Mais Junon, je vous assure, n’est qu’étourdie non plus. Le dresseur des chiens m’a dit qu’elle n’avait aucun vice et aucune obstination.

— Eh bien ! je comprends aussi Junon dans l’amnistie, à la condition que vous l’imiterez en évitant comme elle le vice et l’obstination, et que dorénavant elle sera bannie du parloir de Monkbarns.