Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 7, 1838.djvu/293

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— Oh ! oh ! s’écria Francis avec l’exclamation de surprise familière aux pays du nord, personne ne peut avoir dit ainsi ces mots-là que mon vieux chef de file Édie Ochiltree ; mais je suis fâché de vous retrouver dans un si misérable état, mon brave.

— Pas si misérable que vous pensez, Francis ; mais je ne voudrais pas quitter ce lieu sans causer un peu avec vous, car je ne sais si je vous reverrai de sitôt ; vos gens, dit-on, ne font guère d’accueil aux protestans ; c’est ce qui fait que je ne suis jamais venu par ici.

— Bah, bah ! reprit Francis, laissez dire les gens[1] et venez-vous-en avec moi, je vous donnerai quelque chose de mieux qu’un os de bœuf. »

Ayant ensuite dit un mot à l’oreille du portier (sans doute pour lui demander son agrément), et attendant que l’aumônier fût rentré dans la maison, ce qu’il fit d’un pas lent et solennel, Francis Macraw introduisit son vieux camarade dans la cour du château de Glenallan, dont le sombre portail était surmonté d’un large écusson où se trouvaient mêlés, comme de coutume, avec les ornemens de blason, signes fastueux de l’orgueil humain, les emblèmes funèbres du néant de la vie. La cotte d’armes héréditaire de la comtesse, avec ses nombreux quartiers disposés eu losanges et entourés des écussons de ses ancêtres paternels et maternels, était semée et entremêlée de faux, de sabliers, de crânes et de tous les autres symboles de cette mort qui nivelle tous les rangs. Faisant traverser à son ami la grande cour pavée, aussi rapidement que possible, Macraw le conduisit par une porte de côté dans un petit appartement, auprès de la salle des domestiques, dont il avait l’usage exclusif en raison de son service particulier auprès de la personne de lord Glenallan. Se procurer de la viande froide de diverses espèces, de la bière forte, et même un verre de cordial, n’était pas une chose difficile pour un personnage aussi important que Francis, et auquel le sentiment de sa dignité n’avait pas fait oublier l’adroite prévoyance de son pays qui recommande d’être en bonne intelligence avec le sommelier. Notre envoyé mendiant but de l’ale, et causa long-temps des histoires de l’ancien temps, jusqu’à ce que,

  1. Le texte dit : Let that flee atick in the wall ;When the dict is dry, it will rub out ; deux proverbes écossais qui signifient, le premier : « Laissez la mouche s’attacher à la muraille ; » et le second : « Quand la boue est sèche, elle s’en va en la frottant. » Le premier de ces proverbes répond à ceci : « Ne parlez point de cela. » a. m.