CHAPITRE XXV.
LA FOUILLE NOCTURNE.
La nuit s’annonça d’une manière orageuse, par du vent et des averses qui tombèrent à plusieurs reprises : « Il faut avouer, dit le vieux mendiant en venant se placer sous le vieux chêne pour y attendre son compagnon, il faut avouer que la nature humaine est maligne et entêtée. N’est-ce pas une grande avidité de gain qui peut conduire ce Dousterswivel dans un lieu aussi sauvage que celui-ci à l’heure de minuit, et par des coups de vent semblables, pour se livrer à des recherches sons des murs poudreux comme ceux-ci ? Et moi, de mon côté, ne suis-je pas encore plus fou de venir l’y attendre ? »
Tout en faisant ces sages réflexions il s’enveloppa bien dans son manteau, et se mit à contempler la lune qui se montrait et disparaissait tour à tour sous les nuages sombres et pluvieux que le vent chassait sur sa surface. Les rayons pâles et incertains qu’elle lançait chaque fois qu’elle parvenait à se dégager de l’ombre qui venait de l’obscurcir, tombaient en plein sur les voûtes lézardées et sur les croisées gothiques du vieux bâtiment, qui, à l’aide de cette clarté passagère, se montrait un instant visible dans son état de ruine, tandis que le moment d’après il n’offrait plus qu’une masse d’ombre noire et confuse. Le petit lac recevait aussi sa part de ses fugitifs rayons de lumière, et ses eaux tantôt blanchies par leur reflet, tantôt soulevées par le vent orageux, n’indiquaient plus leur existence lorsque les nuages revenaient envahir la lune, que par le bruit monotone qu’elles faisaient en venant mouiller la plage. Le petit vallon boisé, à chaque coup de vent qui venait s’engouffrer dans