Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 7, 1838.djvu/255

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du bois, et qui, à mesure que la terre fut enlevée, prit la forme distincte d’une caisse, mais beaucoup plus petite qu’une bière ordinaire. Toutes les mains s’empressèrent de la soulever de terre, et toutes les voix proclamèrent son poids et augurèrent bien de sa valeur. On ne se trompait pas.

Lorsque la boîte ou cassette eut été posée sur le sol, et qu’on eut enlevé le couvercle d’un coup de pioche, on y trouva d’abord une couverture de gros canevas ou de serpillière, puis une grande quantité d’étoupes, et par dessous plusieurs lingots d’argent. Une acclamation générale accueillit une découverte si étonnante et si inattendue. Le baronnet leva les yeux et les mains vers le ciel, dans l’extase silencieuse d’un homme qui se voit délivré d’une inexprimable angoisse morale. Oldbuck, qui pouvait à peine en croire ses yeux, touchait les lingots d’argent l’un après l’autre. Il n’y avait dessus ni inscription, ni gravure, excepté sur un seul qui paraissait espagnol. Cependant, ne se lassant pas de tout examiner pièce par pièce, rang par rang, il s’attendait à trouver ceux de dessous d’une moindre valeur. Mais il ne put s’apercevoir d’aucune différence, et fut forcé d’admettre que sir Arthur Wardour était devenu possesseur d’un poids de métal qui pouvait valoir un millier de livres sterling. Sir Arthur promit alors à tous les assistans qu’ils seraient largement récompensés de leur peine, et commença à s’occuper de la manière dont on transporterait cette brillante capture à Knockwinnock. L’adepte alors, se remettant de sa surprise qui avait égalé pour le moins celle de tous les autres individus présens, le tira par la manche, et lui ayant offert ses très humbles félicitations, se tourna ensuite vers Oldbuck d’un air de triomphe :

« Je fous tisais pien, mon pon monsieur Oldenpuck, que che trouferais une occasion de fous remercier de fos bolitesses. Or, ne trouvez-fous pas maintenant que che me suis afisé d’un très pon moyen de fous faire mes remercîmens ?

— Comment, monsieur Dousterswivel, est-ce que vous prétendriez avoir quelque part à notre heureux succès ? Vous oubliez que vous nous avez refusé les secours de votre art. Et vous êtes ici dénué des armes avec lesquelles vous auriez dû livrer le combat où vous prétendez maintenant avoir vaincu en notre faveur. Vous ne vous êtes servi ni des charmes, ni des talismans, ni de la baguette, ni de miroir magique, ni de figure de géomancie[1]. Où est donc tout

  1. Art de deviner par des points ou des lignes tracés au hasard. a. m.