Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 7, 1838.djvu/25

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homme que nous allons essayer le plus brièvement possible de mieux faire connaître au lecteur.

Jonathan Oldenbuck ou Aldinbuck, dont une contraction populaire avait fait Oldbuck, était le second fils d’un gentilhomme, possesseur d’un petit bien dans le voisinage d’un port de mer florissant sur la côte nord-est d’Écosse, et que pour diverses raisons nous appellerons Fairport[1]. Ils s’étaient établis, depuis plusieurs générations, comme propriétaires dans la province et dans la plupart des comtés de l’Angleterre ; cette famille aurait joui de quelque importance, mais le comté de… était rempli de gentilshommes d’une origine plus ancienne et d’une fortune plus considérable. En outre, tous les gentilshommes du pays de la dernière génération avaient été, presque sans exception, jacobites, tandis que les propriétaires de Monkbarns, comme les bourgeois de la ville près de laquelle ils vivaient, étaient de fermes soutiens de la ligue protestante. La famille dont nous parlons avait cependant une origine dont elle s’enorgueillissait autant que ceux qui la méprisaient avaient d’estime chacun de leur côté pour leur généalogie saxonne, normande ou celtique. Le premier Oldenbuck qui s’était établi dans cette terre descendait, disait-on, d’un de ceux qui introduisirent l’imprimerie en Allemagne, et il avait quitté sa patrie pour se soustraire aux persécutions dirigées contre ceux qui professaient la religion réformée. Il avait trouvé un asile dans la ville près de laquelle demeuraient ses descendans, avec d’autant plus de facilité qu’il était victime de la cause protestante ; ce qui ne lui fut pas non plus nuisible, fut qu’il avait apporté assez d’argent pour acheter le petit domaine de Monkbarns, alors mis en vente par un laird prodigue, au père duquel ce bien avait été donné avec d’autres terres de l’Église lors de la destruction d’un riche et puissant monastère auquel il avait appartenu. Les Oldenbuck étaient donc de fidèles sujets dans tous les cas d’insurrection, et comme ils étaient en bonne harmonie avec le bourg voisin, le laird de Monkbarns qui vivait en 1745 fut nommé prévôt de la ville pendant cette malheureuse année, et se distingua par son zèle en faveur du roi George, pour le service duquel il fit même des dépenses dont, suivant la libéralité ordinaire de tout gouvernement envers ses amis, il ne fut jamais dédommagé. À force de sollicitations, cependant, et de crédit dans le bourg, il parvint à obtenir une place aux douanes, et comme c’était un homme soi-

  1. L’éditeur de la première traduction de l’Antiquaire dit que Fairport est Arbroath ou Aberbrothwick, dans le comté d’Angus, à quarante milles d’Édimbourg. a. m.