Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 7, 1838.djvu/248

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pioches et des bêches bien solides, fouiller d’un bout à l’autre le sol de l’église de Saint-Ruth, et sans risquer aucune dépense, nous assurer ainsi de l’existence de ce trésor supposé (les ruines appartenant à sir Arthur, il ne peut y avoir d’obstacle), croyez-vous que nous réussissions en nous y prenant de cette manière ?

— Pah ! fous ne troufer seulement pas un té te cuivre…, mais sir Arthur en fera à sa folonté… Je lui ai montré de quelle manière il est bossible, très bossible même de se procurer de grosses sommes t’argent pour ses besoins… Je lui ai montré la féritable exbérience… s’il n’y feut pas croire, mon pon monsier Oltenpuck, cela ne fait rien à Herman Dousterswivel ; il perd seulement par là ses frais et tout l’archent, tout l’or qu’il aurait trouvé foilà tout. »

Sir Arthur Wardour jeta un regard timide sur Oldbuck, qui, malgré leur fréquente différence d’opinions, avait, surtout quand il était présent, une véritable influence sur lui. Dans le fait, le baronnet avait un sentiment secret, qu’il s’avouait à peine lui-même, que le génie de l’Antiquaire intimidait le sien. Il l’estimait intérieurement comme un caractère pénétrant, observateur et caustique ; mais il craignait son humeur piquante, et n’était pas sans confiance dans la sagacité de ses opinions en général. Dousterswivel sentit donc qu’il courait le danger de voir lui échapper sa dupe, à moins qu’il ne réussît à faire quelque impression favorable sur son conseiller.

« Je sais, mon pon monsier Oldenpuck, qu’il y a de la brésomption à fous barler t’esprits et te démons. Mais recardez cette corne curieuse ; je n’ignore pas que fous connaissez les curiosités de tous les bays, et que vous savez comment la grande corne d’Oldenburgh, qu’on montre encore tans le muséum te Copenhague, fut tonnée au tuc d’Oldenburgh par un esprit femelle des pois… Fous voyez donc que si je foulais, je ne bourrais pas vous abuser, puisque fous connaissez au premier coup d’œil ce qui est curieux… Examinez tonc cette corne pleine de monnaies… si c’eût été une poîte ou une cassette, je ne vous en tirais rien.

— Cette corne, à la vérité, dit Oldbuck, prête quelque force à votre argument. C’était un ustensile façonné des mains de la nature, et dont, en conséquence, les nations barbares se servaient beaucoup, quoique probablement les cornes, dans le sens donné à cette métaphore, soient devenues plus communes en raison des progrès de la civilisation. Quant à cette corne que voici, ajouta-t-il en la frottant sur sa manche, c’est une précieuse et respectable relique, qui sans doute fut destinée à devenir pour quelqu’un une cornu