Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 7, 1838.djvu/243

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rari et rariores’, etiam rarissimi[1]. Voici le bonnet de Jacques V ; la licorne de Jacques II ; le vieux teston d’or de la reine Marie, avec son effigie et celle du dauphin… Et tout cela a-t-il été trouvé réellement dans les ruines de Saint-Ruth ?

— Sans aucun doute… J’en ai été témoin oculaire.

— Eh bien, reprit Oldbuck, il faut maintenant m’expliquer où, quand et comment cela s’est passé.

— Quand ? répondit sir Arthur : c’était à minuit, lorsque la lune était dans son plein ; le lieu, comme je vous l’ai déjà dit, est les ruines de l’abbaye de Saint-Ruth ; et quant à la manière, c’est une expérience nocturne faite par Dousterswivel, accompagné de moi seul.

— En vérité ! dit Oldbuck, et quels moyens de découverte a-t-il donc employés ?

— Seulement une simple fumigation, dit le baronnet ; ajoutez-y que nous l’avons faite à l’heure planétaire favorable.

— Une simple fumigation ! une simple mystification ! L’heure planétaire ! un archet planétaire[2] !… Comment vous a-t-il persuadé ces impertinentes sornettes ?… sapiens dominabitur astris[3]. Mon cher sir Arthur, cet homme vous a complètement dupé sur terre et sous terre, et il vous eût également dupé dans l’air, s’il avait été là quand vous avez été hissé au sommet du sentier du diable à Halket-Head ; assurément la métamorphose eût été à propos[4].

— Je vous suis certainement fort obligé, monsieur Oldbuck, de l’opinion avantageuse que vous avez de mon discernement ; j’espère cependant que vous voudrez bien croire que j’ai vu ce que j’ai vu.

— Assurément, sir Arthur, jusqu’à un certain point cependant ; c’est que je sais que sir Arthur ne dira avoir vu que ce qu’il a cru voir.

— Eh bien donc ! répliqua le baronnet, aussi vrai qu’il y a un ciel au dessus de nos têtes, j’ai de mes propres yeux vu trouver ces pièces de monnaie, à la suite d’une fouille faite dans le chœur de

  1. Rares, plus rares et très rares. a. m.
  2. Planetary fiddlestick, façon de parler écossaise qui signifie « sornettes » ou « vous êtes un sot de croire cela. » a. m.
  3. Le savant s’assujettira les astres. a. m.
  4. Le mot duper se dit en anglais gull, qui signifie également mouette ; il résulte de cette double acception un jeu de mots intraduisible pour nous. To make a gull of you, « faire de vous une dupe, » veut dire en même temps, « s’il eût fait de vous une gull (une mouette de mer) pendant que vous étiez sur le rocher, vous auriez pu voler dans l’air, et vous tirer seul d’embarras sans avoir besoin d’être hissé. a. m.