descendre à m’écouter et à me répondre, mais sans daigner monter l’escalier, de sorte que la conversation doit avoir lieu aux dépens de mes poumons. » Ici il commença de nouveau à crier : « Jenny, où est miss Oldbuck ?
— Miss Grizzel est dans la chambre du capitaine.
— C’est cela, j’en étais sûr… Et où est ma nièce ?
— Miss Marie fait le thé du capitaine.
— Je l’aurais parié… Et où est Caxon ?
— Il est allé à la ville chercher le fusil du capitaine et son chien d’arrêt.
— Et qui diable arrangera ma perruque, imbécile que vous êtes ? Comment avez-vous pu laisser partir Caxon pour une telle niaiserie, quand vous saviez que miss Wardour et sir Arthur devaient être ici à l’issue du déjeuner ?
— Et comment pouvais-je l’en empêcher, monsieur ? Votre Honneur ne voudrait pas sûrement qu’on s’avisât de contrarier le capitaine en ce moment, et tandis qu’il est mourant.
— Mourant ! s’écria l’Antiquaire alarmé. Comment ? quoi ? est-ce qu’il est plus mal ?
— Non, il n’est pas plus mal, que je sache[1].
— Alors il est donc mieux… Et qu’avons-nous besoin ici d’un chien et d’un fusil ? l’un pour gâter les meubles, voler les provisions, étrangler le chat peut-être ; l’autre pour qu’il s’en serve à envoyer du plomb dans la cervelle de quelqu’un. Il me semble qu’il doit avoir assez, pour quelque temps, de pistolets et de fusils. »
En ce moment miss Oldbuck entra dans le parloir, à la porte duquel son frère était engagé dans cette conversation avec Jenny, lui, criant du haut de l’escalier, elle, s’égosillant d’en bas à lui répondre.
« Mon cher frère, lui dit la vieille demoiselle, vous allez vous enrouer à force de crier. Fait-on tant de train quand il y a quelqu’un de malade dans la maison ?
— Par ma foi, il n’y a plus que le malade dans toute la maison ! Je suis encore à jeun, et probablement aussi il faudra que je me passe de ma perruque ; et cependant je ne dois pas même oser me plaindre de la faim ou du froid, dans la crainte de troubler mon
- ↑ Il semble, observe l’auteur, que la classe inférieure en Écosse se soit donné le mot pour ne jamais convenir qu’un malade aille mieux. Lorsqu’on s’informe de l’état d’une personne qui touche à son rétablissement, la réponse la plus satisfaisante qu’on puisse obtenir, c’est qu’elle n’est pas plus mal. a. m.