Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 7, 1838.djvu/231

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— Oh ! mon pon badron, ne me barlez pas maintenant de cela, dit Dousterswivel ; mais aitez-moi seulement à remettre les pierres, et rebrenons notre chemin. » Effectivement, aussitôt que les pierres eurent été replacées, il entraîna sir Arthur, qui s’abandonna de nouveau à son guide, hors d’un lieu où la mauvaise conscience de ce dernier et ses terreurs superstitieuses représentaient un esprit ou un démon caché derrière chaque pilier, prêt à le punir de son imposture.

« A-t-on jamais rien vu de semblable ? dit Édie après qu’ils eurent disparu comme des ombres à travers la porte par laquelle ils étaient entrés. Aucune créature vivante a-t-elle jamais vu la pareille ?… Mais que pouvons-nous faire pour ce pauvre diable de chevalier baronnet ?… Peste ! il a montré bien plus de courage que je ne lui en aurais jamais soupçonné ; j’ai vraiment cru qu’il allait percer ce misérable de son épée… Sir Arthur n’était pas la moitié si téméraire, certaine nuit, sur le Tablier de Bessy ; mais ici le sang lui montait à la tête, et cela fait une grande différence. J’ai vu bien des hommes capables d’en tuer d’autres quand ils étaient en colère, et qui auraient fait une triste figure sur la pointe de Crummie ce jour-là… Mais qu’y a-t-il à faire ?

— Je crains, dit Lovel, que ce fripon n’ait entièrement regagné sa confiance par cette découverte, qui sans aucun doute était préparée d’avance.

— Quoi ! de cet argent… oui, oui ; rapportez-vous-en à lui pour cela… Personne ne sait mieux trouver que celui qui cache… Il ne veut que lui attraper sa dernière guinée, et puis il s’enfuira dans son pays, le fourbe qu’il est !… J’aurais eu du plaisir à m’aller mettre derrière lui pendant qu’il était à piocher, et à lui lancer un coup de mon bâton ferré ; il l’aurait pris pour une bénédiction de quelqu’un des vieux abbés qui sont enterrés là… Mais il vaut mieux être prudent ; la ruse ici vaudra mieux que la force ; je lui rendrai cela quelque jour.

— Si vous en informiez M. Oldbuck, dit Lovel.

— Oh ! je ne sais ! Monkbarns et sir Arthur sont tantôt amis, tantôt ils ne le sont pas… Il y a des momens où Monkbarns a de l’influence sur sir Arthur, et d’autres où sir Arthur ne se soucie pas plus de lui que de moi. Monkbarns, sur certains sujets, n’est pas toujours trop sage lui-même. Il vous prendra une obole pour une vieille médaille romaine, et un fossé pour un camp, si quelqu’un se met en peine de le lui faire accroire. Je lui ai fait avaler plus