Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 7, 1838.djvu/228

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net, si… c’est-à-dire… ne peut-il pas arriver de grands malheurs dans de semblables occasions ?

— Pah, des malheurs, pas ti tout. Quelquefois bourtant, si le cercle n’est pas tout-à-fait chuste, ou que celui qui recarte soit un poltron qui se laisse effrayer et qu’il ne tienne pas l’épée ferme et troite tevant lui, alors le crand chasseur en profite pour l’attirer hors du cercle et l’étrancler : cela s’est vu quelquefois,

— Eh bien donc, Dousterswivel, avec toute espèce de confiance dans votre adresse et dans mon courage, nous laisserons ce soir l’apparition de côté, et nous nous occuperons de l’affaire qui nous amène.

— De tout mon cœur, cela m’est absolument égal ; foilà l’heure arrivée, tenez l’épée pendant que je fais allumer un peu de pois. »

Dousterswivel mit en conséquence le feu à une botte de petits morceaux de bois préparés avec une substance bitumineuse qui les fit brûler très vite, et quand la flamme se fut élevée à son plus grand éclat, couvrant les ruines de sa lueur passagère, l’Allemand y jeta une poignée de parfums qui répandit une odeur forte et pénétrante. L’exorciste et son élève en furent affectés au point de tousser et d’éternuer violemment ; et comme la vapeur s’éleva autour des piliers du bâtiment et pénétra à travers chacune de ses ouvertures, elle produisit le même effet sur Lovel et le mendiant.

« Est-ce là un écho ? » demanda le baronnet, étonné de l’éternument qui venait de résonner au dessus de lui, « ou, » se rapprochant de l’adepte, « serait-ce l’esprit dont vous parliez qui se moquerait de nos efforts pour découvrir ses trésors cachés ?

— Non, non, » balbutia l’Allemand qui commençait à partager les terreurs de son élève.

Ici une violente explosion d’éternument que le mendiant ne put réussir à retenir, et qui ne pouvait passer en aucune manière pour le son mourant d’un écho, accompagné d’un bruit étouffé ressemblant à une toux long-temps contenue, vint consterner nos deux chercheurs de trésors.

« Que le Seigneur ait pitié de nous, dit le baronnet.

Alle gute Geister loben den Herrn[1], s’écria le chimiste terrifié. Che commence à benser, ajouta-t-il, que ceci se faire mieux : en blein chour… et que bour le moment, il être plus sûr de nous de nous retirer.

— Misérable imposteur ! » s’écria le baronnet dans lequel ces

  1. Tous les bons esprits aiment le Seigneur. a. m.