Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 7, 1838.djvu/227

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— Pah, pah, il n’y a bas tu tout te magie là tetans, bas la mointre ; tout est fonté sur l’influence blanétaire, sur la symbathie et la force des nompres… Je fous montrerai pien mieux que cela… Je ne tis bas cebentant que les suffumigations n’évoqueront bas un esbrit, mais si vous en êtes effrayé, il restera invisiple.

— Je n’ai aucune envie de le voir, dit le baronnet, dont l’accent avait un certain tremblement qui semblait annoncer que son courage avait attrapé un accès de fièvre.

— C’est pien tommage, dit Dousterswivel, car j’aurais aimé à vous montrer l’esbrit qui est semplaple à un chien véroce, bour la garte de ce drésor. Mais je gonnais le moyen de l’abbrivoiser. Vous ne vous soucieriez pas te le foir ?

— Pas du tout, dit le baronnet en affectant un air d’indifférence ; je crois d’ailleurs que nous n’avons pas de temps à perdre.

— Partonnez-moi, mon badron, il n’est bas encore minuit, et minuit précis est notre heure blanétaire. Je bourrais donc très pien fous montrer l’esprit, en attendant seulement, bour fous amuser. Fous foyez, je tracerais une pentacone tans l’intérieur t’un cercle, ce qui être très facile, et là nous serions comme tans un château fort, et fous y tiendriez l’épée bendant que je répéterais les baroles nécessaires… Alors fous ferriez le mur solide s’oufrir tout-à-coup comme la porte d’un fille… et puis… foyons… ah oui ! vous ferriez t’apord un cerf poursuivi par trois lévriers noirs qui l’apattraient comme ils font à la chasse du crand-électeur… et puis un vilain petit nègre baraîtrait et leur rebrendrait le cerf, et paf, tout disbaraîtrait… Ensuite fous entendriez tes cors te chasse résonner t’un manière à faire retentir les ruines… Sur ma foi ils choueraient tes airs te chasse aussi beaux que Fischer sur son hautpois. Très pien. Ensuite fiendrait un héraut avec son cor ; puis paraîtrait le crand Peolphan, appelé le crand chasseur tu Nord, monté sur son chival noir. Mais fous ne fous soucieriez pas te voir tout cela[1].

— Vous pensez bien que je n’en ai pas peur, répondit le baron

  1. On trouve un jargon pareil à celui de l’adepte allemand dans la Sorcellerie dévoilée, de Reginald Scot, troisième édition, in-folio, Londres, 1665. Le supplément a pour titre : Excellent Discours sur la nature et la substance des démons et des esprits, en deux livres. Le premier est de l’auteur cité (Reginald Scot) ; le second est annoncé dans cette troisième édition comme suite du premier et complément de l’ouvrage. Ce second livre, annoncé comme suite du premier, n’a pourtant aucune ressemblance avec lui ; car l’ouvrage de Reginald Scot est une compilation des idées absurdes et superstitieuses qu’on avait alors généralement sur les sorciers, et son prétendu complément est un traité sérieux sur les différentes manières de conjurer les esprits célestes.