Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 7, 1838.djvu/226

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« L’autre, dit tout bas Édie, ne peut être que sir Arthur Wardour ; je ne connais que lui qui puisse venir ici à cette heure avec ce fripon d’Allemand. On dirait qu’il l’a ensorcelé ; vraiment il lui ferait prendre de la craie pour du fromage… Voyons un peu ce qu’ils vont faire. »

Cette interruption fit perdre à Lovel la réponse de sir Arthur, d’autant qu’il parlait à voix basse ; il n’entendit donc que ces trois mots sur lesquels le baronnet appuya : « beaucoup de dépense ; » à quoi Dousterswivel répondit promptement : « Te la tépense… certainement… cela temante te grantes tépenses… vous ne pouvez pas vous attendre à recueillir afant t’avoir semé… la semence est la tépense… Les richesses et les métaux que rabbortent les bonnes mines, et aussi les grantes et lourtes gaisses pleines d’archenterie, sont la moisson, et une ponne moisson même, sur ma parole… Or, les dix guinées que vous avez semées ce soir, sir Ardhur, sont une betite pincée de graine à peu près semblable à une prise de tapac ; et si vous ne regueillez pas tout à l’heure une abondante moisson, c’est-à-dire abondante relativement à la semence, car vous savez que tout doit être en proportion, Herman Dousterswivel ne s’est jamais appelé ein honnête homme. Fous foyez maintenant, mon pon batron, car je ne veux plus vous cacher aucun segret, vous voyez ce betit catran t’archent… vous safez que la lune parcourt tout le zodiaque, et tans l’espace de vingt-huit chours… il n’y a pas t’enfant qui ne sache cela ; eh pien, je prends ce catran t’archent quand elle est dans sa quinzième station, et je crafe t’un côté les mots schedharschemoth schartachan ; c’est l’emplème de l’intelligence de la lune… puis je trace sa figure sous la forme d’un serpent-folant avec une tête de tinton ;… pien ;… puis de l’autre côté je fais une taple te la lune, qui est un carré te neuf qui se multiplie lui-même par quatre-vingts numéros de chaque côté, et neuf en tiamètre ; or, ceci me sertira à chaque changement de quartier de la lune, afin que je puisse troufer le produit te la tépense que je ferai en suffumigations, et qui doit être ce que neuf est à neuf multiplié par lui-même ;… mais je ne trouferai peut-être pas cette nuit plus de deux ou trois fois neuf, parce qu’il y a dans les astres une influence gontraire.

— Mais, Dousterswivel, dit le simple baronnet, ceci ne ressemble-t-il pas à de la magie ? je suis un serviteur fidèle, quoique indigne, de l’église épiscopale, et je ne veux rien avoir à démêler avec l’esprit immonde.