Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 7, 1838.djvu/201

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— M. Lovel, mon frère, est un jeune homme fort bien élevé.

— Oui, c’est-à-dire qu’il salue en entrant dans une chambre, et porte un habit qui n’est pas percé aux coudes.

— Non, mon frère, c’est-à-dire que ses manières et son langage annoncent les sentimens et l’éducation de la meilleure classe.

— Mais je voudrais savoir quelle est sa naissance et son rang dans la société, et quel titre il a pour être admis dans le cercle où je le trouve si familièrement reçu.

— Si vous voulez savoir comment il a été admis à Monkbarns, vous pouvez demander à mon oncle, qui vous répondra sans doute qu’il reçoit chez lui la compagnie qui lui plaît ; et si vous voulez aussi en demander compte à sir Arthur, vous saurez que M. Lovel lui a rendu, ainsi qu’à miss Wardour, un service du genre le plus important.

— Comment ! cette histoire romanesque est donc vraie ? Et, je vous prie, ce vaillant chevalier aspire-t-il, comme cela se voit dans de pareils cas, à la main de la dame qu’il a tirée de péril ? C’est la règle dans les romans, je le sais ; et il m’a semblé lui trouver un ton fort sec avec moi tout le temps que nous nous sommes promenés ensemble. Elle avait même l’air de s’inquiéter de temps en temps si elle n’allait pas offenser son galant chevalier.

— Mon cher Hector, lui dit sa sœur, si réellement vous nourrissez encore de l’attachement pour miss Wardour…

— Si ! Marie ? pourquoi ce si ?

— J’avoue que je regarde votre persévérance comme sans espoir.

— Et pourquoi sans espoir, ma cher sœur ? Miss Wardour, dans l’état où sont les affaires de son père, ne peut pas prétendre à une grande fortune ; et, quant à la famille, je crois que les Mac Intyre ne sont pas inférieurs…

— Mais, Hector, continua sa sœur, sir Arthur ne nous regarde que comme des membres de la famille Monkbarns.

— Sir Arthur peut nous regarder comme il lui plaît, répondit le jeune Écossais d’un ton de hauteur, mais tous ceux qui ont le sens commun savent que la femme prend le rang de son mari, et que mon père, descendant de quinze aïeux sans tache, pouvait bien ennoblir ma mère, toute l’encre de l’imprimeur Aldobrand eût-elle coulé dans ses veines.

— Pour l’amour de Dieu, Hector, reprit sa sœur avec inquiétude, prenez garde à vos paroles ; une seule expression de ce genre, répétée à mon oncle par quelque écouteur officieux, indis-