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— C’est ce que je croyais, dit sèchement Oldbuck ; et moi, en attendant, sans le secours de la baguette magique, je vous montrerai un excellent pâté de gibier avec une bouteille d’un certain madère égal à tout ce que l’art de M. Dousterswivel peut nous faire voir. »

Le repas fut étalé fronde super viridi[1], comme Oldbuck le dit lui-même, sous un vieux arbre d’une dimension énorme appelé le Chêne du Prieur, et la compagnie s’asseyant autour, se mit à faire honneur au contenu du panier.


CHAPITRE XVIII.

UN CONTE ALLEMAND.


Semblable au griffon qui d’une course aisée traverse le désert, franchit les montagnes, les vallées et les torrens, à la poursuite de l’Arimaspe qui déroba le fruit d’or confié à sa garde vigilante ; avec la même ardeur le démon…
Milton. Le paradis perdu.


Lorsque la collation fut terminée, sir Arthur reprit le sujet des mystères de la baguette divinatoire dont il s’entretenait auparavant avec Dousterswivel. « Mon ami M. Oldbuck, dit le baronnet, sera maintenant disposé, monsieur Dousterswivel, à écouter avec plus d’attention l’histoire que vous avez rapportée des découvertes faites dernièrement en Allemagne par les membres de votre association.

— Ah ! sir Arthur, ce n’être pas une chose dont il faille parler défant ces messieurs ; car c’est le manque de crédulité, de ce que vous appelez foi, qui gâte les pelles entrebrises.

— Au moins, ma fille nous lira la narration que lui a fournie l’histoire de Martin Waldeck.

— Ah ! c’être une très féritable histoire ; mais miss Wardour a tant d’esprit et de malice, qu’elle lui a tonné tout l’air t’un roman. Non, sur ma barole d’honnête homme, Wieland et Goëthe n’auraient bas fait mieux.

— À parler franchement, monsieur Dousterswivel, répondit la demoiselle, le merveilleux dans cette légende l’emportait tant sur le probable, qu’il était impossible à un amateur du royaume des

  1. « Sous le vert feuillage. » a. m.