Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 7, 1838.djvu/183

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

au milieu, je conzens à ce que fous m’abbeliez dous un imbudent coquin. "

« C’est une liberté que je prendrai dans tous les cas, » dit à voix basse l’Antiquaire à Lovel.

Un domestique qui avait suivi la compagnie avec un panier rempli de viandes froides, fut alors envoyé à la cabane d’un bûcheron voisin pour en rapporter une pioche et une bêche. Les décombres et les pierres ayant été enlevés de l’endroit indiqué par l’Allemand, on trouva bientôt les côtés d’un puits régulièrement bâti ; et le bûcheron, aidé de ses fils, l’ayant débarrassé des moellons qui l’encombraient à la profondeur de plusieurs pieds, l’eau commença à jaillir à la grande satisfaction du philosophe, à la surprise des dames, de sir Arthur, du ministre, et même un peu de Lovel, et à la confusion de l’incrédule Antiquaire, qui ne manqua pourtant pas de protester à l’oreille de Lovel contre ce miracle. « Ceci n’est qu’un tour, dit-il ; le drôle, par un moyen quelconque, avait eu soin de s’assurer de l’existence de ce vieux puits avant de nous aveugler par cette jonglerie ; mais remarquez ce qui va suivre maintenant ; je suis bien trompé si ce n’est pas là le prélude de quelque fraude plus sérieuse. Voyez l’air important que se donne le coquin ! comme il triomphe du succès de son expérience, et comme le pauvre sir Arthur écoute le déluge de sottises qu’il lui débite, et qu’il lui fait prendre pour les principes des sciences occultes !

— Fous foyez, mon pon badron, fous foyez, mes pounes temoiselles, fous foyez, digne meinherr Bladdergowl, et monsié Oltenpuck et monsié Lofel peufent foir aussi s’ils le feulent, que l’art n’a d’autre ennemi que l’ignorance. Recartez ce petit paquette de noisetier, elle ne baraît ponne qu’à fouetter les betits enfans. (C’est un bon nerf de bœuf qu’il te faudrait, grommela tout bas l’Antiquaire.) Eh pien, mettez-la entre les mains t’un philosophe, et paf ! il la fait serfir à te crantes técouverdes. Mais tout ceci n’être rien, sir Arthur, rien ti dont, digne monsié Bladdergowl, moins que rien, mes cheunes tames, un micère, messiés Oltenpuck et Lofel, en combaraison de ce que l’art peut faire encore. Ah ! si che rencontrais un homme te cœur et te courage, je lui ferais foir bien autre chose que te l’eau tans un puits ! Che lui montrerais…

— Et quelque argent serait sans doute préalablement nécessaire, n’est-ce pas ? dit Oldbuck.

— Bah ! un pacatelle ! Il pourrait falloir un petite somme dont il ne faut pas la beine de barler.