Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 7, 1838.djvu/176

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Et tous les sentiers verdoyans
De cette forêt solitaire ;
J’en connus chaque épais buisson
Et chaque ombrage tutélaire,
Lorsque ma jeunesse légère
Folâtrait sur l’épais gazon. »

— Ah ! que le diable l’emporte ! cette branche de ronce a entièrement dérangé tous les travaux de Caxon, et a manqué d’entraîner ma perruque dans le ruisseau. Voilà ce que c’est que de réciter ou déclamer hors de propos.

— Consolez-vous, mon cher monsieur, dit miss Wardour, vous avez votre fidèle perruquier tout prêt à réparer de semblables désastres ; et quand il aura rendu à votre perruque sa première splendeur, je pourrai faire à mon tour une citation.

« Ainsi l’astre resplendissant,
Lorsqu’il se couche et qu’il descend
Au lit de l’Océan immense,
Par intervalles, en silence,
Relève son front pâlissant,
D’un dernier rayon se colore,
Et vient sur l’horizon encore
Faire éclater un feu mourant. »

— Oh ! assez, assez, répondit Oldbuck ; j’aurais dû savoir ce que c’était que de vous donner prise sur moi. Mais voici qui arrêtera votre veine satirique, car vous êtes, je le sais, une admiratrice de la nature. » En effet, après l’avoir suivi à travers la brèche d’un vieux mur presque écroulé, une perspective aussi inattendue qu’intéressante frappa les spectateurs.

Ils se trouvaient placés à une hauteur assez considérable sur un des bords du vallon, qui tout-à-coup s’était élargi de manière à former une espèce d’amphithéâtre qui admettait dans son enceinte un lac limpide et profond dont l’étendue, de plusieurs acres, était entourée d’un espace de terrain uni et nivelé. Ses bords étaient environnés de hauteurs très escarpées, où le roc se montrait à nu dans quelques endroits, tandis que dans d’autres il était couvert d’un bois taillis, qui d’une manière irrégulière en tapissait légèrement la surface, et contrastait par ses teintes variées avec la verdure uniforme du gazon qui couvrait le terrain. Au dessous, le lac se déchargeait dans le ruisseau rapide et bruyant qui avait accompagné leur route depuis qu’ils étaient entrés dans le vallon, et tout près de l’endroit où il se séparait de la source qui alimentait son