Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 7, 1838.djvu/174

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Lovel jeta un regard sur l’adepte allemand qui occupait, dans la calèche, le siège de devant, ordinairement accordé aux dépendans et aux inférieurs. Le sourire affecté et le salut obséquieux par lesquels l’étranger s’empressa de répondre à la légère inclination de tête de Lovel, augmentèrent l’espèce d’aversion que celui-ci avait déjà conçue intérieurement pour lui, et il était évident, au froncement de l’épais sourcil de l’Antiquaire, qu’il voyait aussi avec mécontentement cet individu faire nombre dans leur partie. Le reste de la compagnie se fit de loin quelques signes de complimens, et les voitures ayant recommencé à rouler pendant l’espace d’environ trois milles à compter de l’endroit où elles s’étaient rencontrées, elles s’arrêtèrent enfin devant une petite auberge sur le bord du chemin, à l’enseigne des Quatre Fers à cheval, où Caxon ouvrit humblement la portière et baissa le marchepied de la chaise de poste, tandis que les élégans domestiques de la calèche aidaient sir Arthur et sa fille à en sortir.

Ici les complimens recommencèrent. Les jeunes demoiselles se prirent la main, et Oldbuck, qui se trouvait là dans son élément, se mit à marcher en tête pour servir de guide et de cicérone à la compagnie, qui s’avançait vers le lieu qu’elle s’était proposé de voir. L’Antiquaire eut soin de retenir Lovel près de lui, comme le meilleur auditeur de la société, et de temps à autre il adressait un mot d’explication et d’instruction à miss Wardour et à Marie Mac Intyre qui suivaient immédiatement. Il évitait plutôt le baronnet et le ministre, parce qu’il savait que ces deux personnages prétendaient entendre aussi bien et même mieux que lui le sujet dont il allait être question ; et quant à Dousterswivel, outre qu’il le considérait comme un charlatan, sa vue lui rappelait tellement la perte qu’il craignait de faire dans la compagnie des mines, qu’il ne pouvait supporter sa présence. L’homme d’église et le chimiste étaient donc les deux satellites qui accompagnaient la planète de sir Arthur, auquel ils étaient d’ailleurs assez portés à s’attacher comme au personnage le plus important de la société.

Il arrive souvent en Écosse que les points de vue les plus beaux se trouvent cachés dans le fond de quelque vallée solitaire, et que vous traversez le pays dans tous les sens sans vous douter que vous êtes près d’un lieu digne d’exciter votre intérêt, à moins qu’un accident ou votre intention ne vous y conduise. Ceci s’applique surtout au pays qui environne Fairport, et qui est en général nu et découvert. Mais çà et là le cours d’un ruisseau ou d’une petite ri-