trouverons vendredi, à midi précis, à la barrière de Tirlingen. Et en convenant de cela, les deux amis se séparèrent.
CHAPITRE XVII.
PROMENADE AUX RUINES DE SAINT-RUTH.
La matinée du vendredi fut aussi belle, aussi calme que s’il n’y avait pas eu de projets de partie de plaisir, circonstance presque également rare dans la vie réelle et dans les romans. Lovel, ranimé par l’influence propice du temps et par la pensée de se trouver encore une fois avec miss Wardour, prit à cheval la route du rendez-vous, moins triste et mieux disposé qu’il ne l’avait été depuis longtemps. Sous plusieurs rapports, l’avenir paraissait s’éclaircir à ses yeux, et l’espérance, quoique semblable aux rayons du soleil matinal qui se montrent au milieu des ondées et des nuages, paraissait vouloir briller sur la route qu’il parcourait. Dans cette disposition d’esprit, il était tout naturel qu’il arrivât le premier au lieu du rendez-vous, et plus naturel encore que ses regards fussent si attentivement attachés sur la route de Knockwinnock, qu’il ne s’aperçut pas de l’arrivée de la division Monkbarns avant que le fouet du postillon et le roulement pesant de la chaise de poste qui suivait l’en eussent averti.
Dans cette lourde machine étaient renfermées d’abord la majestueuse figure d’Oldbuck lui-même, puis la non moins corpulente personne du révérend Blattergowl[1], ministre de Trotcosey, paroisse
- ↑ Nom formé de deux mots écossais : blatter pour rattling ou noise, bruit ; et gowl pour to howl, hurler, on to scold, gronder. Ainsi à Blattergowl nous pourrions substituer « le loquace et bruyant grondeur, ou le parleur amer ; » ce qui ne s’applique pas mal à un ministre en chaire dans certains lieux. Le mot trotcosey désigne aussi une espèce de grand manteau ou carrick. Au reste, nous ne prétendons pas offrir le sens exact des noms inventés par l’auteur ; nous en cherchons seulement une explication plausible. a. m.