Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 7, 1838.djvu/170

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tends bien ici un de ces jours, mais je le tiendrai en respect, je vous l’assure. Lui, devenir un membre de ma famille, pour mettre tout en désordre dans ma maison et y faire trembler jusqu’aux tables et aux chaises ! Non, non ; je ne veux pas d’Hector Mac Intyre. Mais, écoutez-moi, Lovel ; vous êtes un garçon doux et tranquille, ne feriez-vous pas mieux de venir vous établir à Monkbarns pendant un mois ou deux, puisque je vois que vous n’êtes pas décidé à quitter immédiatement le pays ? Je ferai ouvrir une porte dans votre chambre sur le jardin ; cela ne coûtera qu’une bagatelle ; il y en eut une autrefois qu’on avait murée depuis long-temps ; par ce moyen vous pourrez aller et venir de la chambre verte sans déranger votre vieil hôte et sans en être dérangé. Quant à la manière de vivre, mistriss Hadoway a dit que vous étiez fort réservé sur la nourriture, suivant son expression ; ainsi vous vous contenteriez de ma modeste table. Pour ce qui est du blanchissage…

— Permettez-moi de vous interrompre, mon cher monsieur Oldbuck, dit Lovel ne pouvant réprimer un sourire, et avant que votre obligeante hospitalité ait achevé des projets et des arrangemens qui me seraient si agréables, laissez-moi vous remercier sincèrement de cette offre amicale. Il n’est pas en ce moment en mon pouvoir de l’accepter ; mais avant de faire mes adieux à l’Écosse, j’espère trouver le moyen d’aller passer quelques jours avec vous. »

Le front d’Oldbuck se rembrunit. « Comment, lorsque je croyais avoir formé le plan qui pouvait le mieux nous convenir à tous deux ! Et qui sait ce qui aurait pu s’ensuivre avec le temps, et si nous nous fussions jamais quittés ? Je suis le maître de mes biens, mon cher ami, voilà l’avantage d’être descendu d’un homme qui avait plus de bon sens que d’orgueil. On ne peut pas m’obliger de transmettre mes propriétés mobilières et immobilières, et mon héritage, autrement que selon mon gré. Mes caprices ou mes prédilections ne seront pas gênés dans leur essor par une bande d’héritiers substitués, aussi inutiles que les morceaux de papier enfilés après la queue d’un cerf-volant. Mais je vois que vous ne voulez pas vous laisser tenter à présent. La Calédonie va cependant son train, j’espère.

— Oh ! certainement, dit Lovel ; je ne puis abandonner un plan de si belle espérance.

— C’est, dit l’Antiquaire en levant gravement les yeux au ciel (car avec toute sa pénétration et son jugement pour apprécier les différens plans formés par les autres, il avait tout naturellement une opinion fort exagérée de l’importance de ceux qu’il concevait