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esprits et de découvrir des trésors, en échange des légendes de la chambre verte qu’il avait apprises de vous. Or, considérant que l’illustrissime docteur avait mangé une livre et demie de hachis écossais à son souper, qu’il avait fumé six pipes et bu de l’ale et de l’eau-de-vie en proportion, il n’est pas très étonnant qu’il ait eu un accès de cauchemar. Mais tout est prêt maintenant ; permettez-moi de vous éclairer jusqu’à votre appartement, monsieur Lovel ; je suis sûr que vous avez besoin de sommeil, et j’espère que mon trisaïeul connut trop bien les devoirs de l’hospitalité pour troubler le repos que vous avez si bien mérité par votre brave et généreuse conduite.

En parlant ainsi, l’Antiquaire prit un bougeoir d’argent massif et de forme antique, lequel, fit-il observer, avait été forgé de l’argent trouvé dans les mines des montagnes de Hartz et avait appartenu au même personnage qui venait de faire le sujet de la conversation. En concluant ceci, il marcha en avant, traversa plusieurs passages sombres et tortueux, monta et descendit plusieurs fois avant d’arriver à l’appartement destiné à son jeune hôte.


CHAPITRE X.

LA CHAMBRE VERTE.


Quand la nuit, en l’absence de la lune, a couvert les deux de son voile funèbre mais passager, à l’heure où les mortels dorment, où les morts seuls veillent et sortent de leurs tombeaux, aucune apparition sanglante ne vient me poursuivre, un pâle fantôme ne vient pas effrayer ma couche ; mais, hélas ! mon imagination contemple une image plus triste encore : c’est le fantôme du bonheur qui depuis si long-temps m’a fui.
W. R. Spenser.


Lorsqu’ils arrivèrent à la chambre verte, puisque c’est ainsi qu’on l’appelait, Oldbuck plaça le flambeau sur une table de toilette, devant un large miroir entouré d’un cadre noir du Japon et de boîtes pareilles. Il jeta un regard autour de lui, avec une légère expression de trouble. « Je viens rarement dans cet appartement, dit-il, mais je n’y entre jamais sans éprouver l’influence d’un sen-