Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 6, 1838.djvu/67

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che faite à la paix qui régnait entre le château d’Ellangowan et les Égyptiens de Derncleugh.

Pendant quelque temps les derniers ne purent s’imaginer que la guerre était véritable ; ils ne le crurent que lorsqu’ils virent leurs enfants recevoir des coups de fouet, si on les trouvait dans l’enclos, ou qu’en gardant leurs ânes ils les laissaient aller dans les plantations, ou seulement se détourner pour paître le long de la route ; enfin, ils ne le crurent que lorsque le constable commença à s’informer soigneusement de leurs moyens d’existence, et exprima sa surprise de ce que les hommes dormaient tout le jour dans leurs chaumières, et étaient absents la plus grande partie de la nuit.

Lorsque les choses en furent venues à ce point, les Égyptiens ne se firent aucun scrupule d’user de représailles. Les poulaillers d’Ellangowan furent pillés, son linge volé sur les cordes ou sur le pré où il était étendu pour blanchir, son poisson fut pêché, ses chiens furent enlevés, ses jeunes arbres coupés, ou dépouillés de leur écorce. On fit le mal seulement pour le plaisir du mal. De l’autre côté, on délivra des mandats avec l’ordre de les poursuivre, de les chercher, de les prendre et de les saisir sans miséricorde ; et, malgré leur adresse, un ou deux seulement des déprédateurs furent arrêtés et convaincus de vol sans pouvoir se défendre. L’un d’eux, jeune homme vigoureux, qui avait été quelquefois à la pêche en mer, fut livré au capitaine de la presse[1] à D…, deux enfants furent fortement fouettés, et une matrone égyptienne envoyée à la maison de correction.

Cependant les Égyptiens ne faisaient aucun mouvement pour quitter le lieu qu’ils avaient si long-temps habité, et M. Bertram sentait quelque répugnance à les chasser de leur ancienne « cité de refuge. » Aussi ces petites guerres dont nous parlons continuèrent quelques mois sans que les hostilités augmentassent ou diminuassent d’aucun côté.

  1. On connaît la presse des matelots en Angleterre. a. m.