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NOTE ADDITIONNELLE.
À GUY MANNERING.



des lieux et des personnages qu’on a cru reconnaître dans ce roman.


Un vieux proverbe dit que Tom Fool est connu de plus de gens qu’il n’en connaît ; la vérité de cet adage semble s’étendre aux ouvrages composés sous l’influence capricieuse de quelque planète favorable aux rêves de l’imagination. Les lecteurs ont fait, à propos de ce roman, beaucoup de rapprochements dont l’auteur était bien loin de soupçonner la possibilité. Il ne s’en plaint point : c’est à ses yeux le plus flatteur des éloges, qu’en racontant des faits imaginaires il ait assez heureusement approché de la vérité pour qu’on les prît comme véritables. Il relève donc avec plaisir quelques histoires ou traditions locales entre lesquelles on a cru apercevoir de la coïncidence avec les personnages, les incidents, la disposition des scènes, que l’auteur de Guy Mannering a tirés de son imagination.

On a cru que l’idée première de Dirk Hatteraick avait été prise d’un capitaine de navire hollandais appelé Jawkins. Cet homme était bien connu sur la côte de Galloway et sur celle du comté de Dumfries, comme propriétaire unique d’un buckkar ou lougre contrebandier, appelé le Prince noir. Renommé, comme il l’était, par son habileté maritime et par son intrépidité, son navire était souvent frété et ses services employés par les compagnies pour la contrebande, françaises, hollandaises, de l’île de Man et de l’Écosse.

Un homme connu sous le nom de Buckkar-Tea, qui lui avait été donné parce qu’il passait souvent du thé en fraude, ou sous celui de Bogie-Bush, nom de l’endroit où il demeurait, a affirmé à un de mes amis, qui me l’a rapporté, M. Train, qu’il avait vu maintes fois environ deux cents hommes de Lingtown se réunir et pénétrer dans l’intérieur du pays, chargés de marchandises prohibées.

Dans ces beaux jours de la contrebande, le prix fixé pour transporter une caisse de thé, ou une balle de tabac, de la côte de Galloway à Édimbourg, était de 15 shellings, et un homme avec deux chevaux transportait quatre caisses ou balles. Le trafic fut entière-