Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 6, 1838.djvu/428

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coquins, ces post nati[1] nous dament le pion à chaque coup, à nous autres gens de la vieille école. Mais miss Julia, par forme de compensation, emploiera en ma faveur son crédit sur miss Lucy.

— À vous dire vrai, je crains que là encore l’ennemi ne vous ait prévenu. — Comment !… — Sir Robert Hazlewood est venu faire une visite à Bertram, et pensant, estimant, considérant… — Pour l’amour de Dieu ! épargnez-moi les synonymes du baronnet. — J’y consens. En un mot, sir Robert a découvert que la propriété de Singleside étant située entre deux fermes qui lui appartiennent, une vente, un échange, un arrangement, pourrait se conclure à la mutuelle satisfaction des deux propriétaires. — Et qu’a répondu Bertram ? — Il a répondu qu’il regardait comme valable le premier testament de mistress Bertram, et que le domaine de Singleside était la propriété de sa sœur. — Le coquin ! il me dérobera mon cœur, comme il m’a dérobé celui de ma maîtresse ! Et puis ? — Sir Robert s’est retiré après maintes paroles flatteuses ; mais bientôt il s’est remis en campagne et s’est présenté en forces, dans son carrosse à six chevaux, avec son gilet rouge à galons d’or, et sa plus belle perruque : en grande tenue, comme on dit. — Et quel était l’objet de sa visite ? — Il a parlé, avec son éloquence officielle, du grand attachement de Charles Hazlewood pour miss Bertram.

— Oui, oui, il respecte le petit dieu Cupidon depuis qu’il le voit perché sur la tour de Singleside. Cette pauvre Lucy va donc demeurer avec ce vieux fou et sa femme, qui n’est que le baronnet lui-même en jupons ! — Non. Nous avons paré le coup : Singleside va être réparé pour servir d’habitation aux jeunes gens, et on l’appellera à l’avenir Mont-Hazlewood. — Et vous, colonel, résiderez-vous toujours à Woodbourne ? — Seulement jusqu’à ce que ces plans soient exécutés. Voyez celui de mon appartement ; je pourrai être séparé ou en compagnie, selon qu’il me plaira. — Il est situé, à ce que j’aperçois, tout auprès du vieux château. ’Vous pourrez faire réparer la tour de Donagild, pour y contempler, pendant la nuit, les corps célestes. — Non, non, mon cher Pleydell ; c’est ici que finit l’Astrologue. »

  1. Les plus jeunes. a. m.