Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 6, 1838.djvu/41

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à sa montre et noté avec une grande exactitude l’heure et la minute de la naissance, pria Dominie, avec la gravité convenable, de le conduire dans un endroit d’où il pût observer les corps célestes.

Le maître d’école, sans lui répondre, se leva, et ouvrit une porte à moitié masquée par une glace ; elle conduisait sur une terrasse à l’ancienne mode, derrière la maison moderne, et communiquait avec la plate-forme sur laquelle gisaient les ruines du vieux château. Le vent venait de s’élever ; il chassait devant lui les nuages qui obscurcissaient auparavant le ciel. La lune était levée et dans son plein, et tous les petits satellites brillaient dans un ciel sans nuages. La scène que leur lumière présentait aux yeux de Mannering était inattendue et frappante.

Nous avons dit que sur la fin de sa course le voyageur s’était approché du rivage de la mer, sans savoir à quelle distance il en était. Il voyait alors les ruines du château d’Ellangowan, situées sur un promontoire ou saillie de rocher, qui formait d’un côté une baie petite et sûre contre les flots de la mer. La maison moderne était placée plus bas, quoique tout près, et derrière elle le terrain descendait à la mer par une pente couverte de verdure, divisée en chaussées par des terrasses naturelles sur lesquelles étaient quelques vieux arbres, et qui aboutissait à la grève. L’autre côté de la baie, en face du vieux château, était un promontoire pittoresque couvert surtout de taillis, qui, sur cette côte favorisée, croissent presque dans la mer. La chaumière d’un pêcheur paraissait au milieu des arbres ; même à cette heure de la nuit où tout est comme dans le silence de la mort, on voyait çà et là des lumières s’agiter sur le rivage ; c’était probablement l’équipage du lougre[1] contrebandier de l’île de Man, qui était à l’ancre dans la baie. Lorsque la chandelle que Mannering tenait à la fenêtre fut aperçue du vaisseau, le cri de Gare le faucon[2] — ! attention à la lumière ! alarma ceux

  1. Espèce de bâtiment marchand. a. m.
  2. Ware hawk, ce qui répond à Garde à vous ! a. m.