Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 6, 1838.djvu/398

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mais à présent il vous faut des armes… Il ne faut pas que vous alliez les bras ballants… Mais ne vous en servez qu’autant qu’il sera nécessaire… Faites-le prisonnier, mais ne lui ôtez pas la vie… Que la justice la lui ôte il faut qu’il parle avant de mourir. Qui faudra-t-il prendre ? qui devra parler ? » demanda Bertram étonné, tout en recevant une paire de pistolets qu’elle lui présentait, et en les examinant : ils étaient chargés.

« Les pierres sont bonnes et la poudre est sèche, dit-elle. Je m’y connais. »

Sans répondre à ces questions, elle arma Dinmont d’un pistolet d’arçon, puis leur dit de choisir chacun un bâton dans un paquet de gourdins de fort mauvaise apparence qu’elle alla chercher dans un coin de la chambre. Bertram choisit un arbre vigoureux, et Dinmont une massue qui aurait convenu à Hercule lui-même. Ils sortirent ensemble de la tour ; et Bertram se trouvant près de Dinmont, il lui dit à l’oreille : « Il y a quelque chose d’inexplicable dans tout cela… mais nous ne ferons usage de ces armes qu’en cas de nécessité, et pour notre légitime défense. Ayez soin de faire ce que vous me verrez faire. »

Dinmont répondit par un geste d’intelligence. Continuant de suivre leur conductrice à travers les bruyères, les champs, les prés, les fondrières, ils gagnèrent le bois de Warroch par le même sentier qu’avait suivi le feu laird d’Ellangowan quand il courut à Derncleugh, cherchant son fils, dans la funeste nuit du meurtre de Kennedy.

Quand ils furent arrivés au milieu de ces arbres dans lesquels le vent du nord faisait entendre des sifflements lugubres et perçants, Meg s’arrêta un moment comme pour reconnaître son chemin. « Il faut, dit-elle, suivre la même route ; » puis elle se remit en marche. Mais au lieu de s’avancer en droite ligne comme auparavant, elle leur fit suivre mille détours, et les conduisit enfin dans une petite clairière de la grandeur d’un acre environ, entourée d’arbres et de buissons qui formaient une clôture sauvage et irrégulière. Même en hiver, c’était une retraite solitaire, séparée du reste du bois, et presque inaccessible ; mais quand elle était parée de la verdure du printemps, quand la terre était émaillée de fleurs, les buissons d’alentour couverts de verdure, et que les bouleaux qui s’élevaient au-dessus du taillis laissaient pendre leurs longs rameaux garnis de feuilles, comme pour intercepter les rayons du soleil, c’était un asile convenable à un jeune poète pour