Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 6, 1838.djvu/353

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substitut du shérif, et comme chargé de la police du comté, j’ordonne à cette troupe, du moins à la majeure partie, de repartir sur-le-champ. Je regrette beaucoup que, par mon absence momentanée, nous ayons perdu déjà plusieurs heures, car nous ne pourrons arriver que fort tard à Portanferry. »

Comme M. Mac-Morlan était le magistrat supérieur, et qu’il exprimait avec force la résolution |de faire respecter ses droits, le baronnet, quoique mortellement offensé, ne put que lui dire : « C’est bien, monsieur, c’est fort bien, monsieur ; emmenez-les tous ; je désire qu’il n’en reste pas un seul ici, monsieur ; nous pourrons, monsieur, nous défendre nous-mêmes. Mais ayez la bonté de faire attention, monsieur, que vous agissez à vos risques et périls, monsieur, sous votre responsabilité, monsieur, s’il arrive malheur ou accident au château d’Hazlewood, monsieur, à ses habitants, monsieur, au mobilier, monsieur. — Sir Robert, répondit Mac-Morlan, j’agis comme je crois que l’exigent la prudence et mon devoir, d’après les avis qui me sont parvenus ; je vous prie de le croire. Pardon si je pars sans plus de cérémonies ; j’ai déjà perdu beaucoup de temps, et je crains d’arriver trop tard. »

Sir Robert ne l’écoutait plus, et se mit aussitôt en devoir d’armer ses domestiques et d’assigner son poste à chacun. Le jeune Charles eût bien voulu accompagner les soldats, qui, déjà à cheval, étaient prêts à partir pour Portanferry au premier signal de M. Mac-Morlan ; mais c’eût été véritablement affliger et offenser son père que de le quitter dans un moment où il croyait lui et sa maison en danger. Cachant donc son mécontentement et son regret, il se contenta de regarder les dragons par une fenêtre, jusqu’à ce qu’il eût entendu l’officier donner l’ordre du départ. « À droite par quatre ; marche ! Au trot ! » Tout le détachement partit au grand trot, disparut bientôt derrière les arbres, et le bruit des chevaux se perdit peu à peu dans l’éloignement.