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pour la première fois après tant d’années d’absence, le jeune aventurier, accablé de fatigues, approchait des ruines d’un château où ses ancêtres avaient exercé un pouvoir presque royal.



CHAPITRE XLI.

L’ARRESTATION.


Ô vous, murs verdis par la mousse, tours sans défense, je vous vois dépouillés de votre ancienne splendeur. Où sont maintenant tous vos trophées, vos cours remplies par la foule, les cris de joie, le tumulte, qui proclamaient la grandeur de ma maison, à qui les barons du voisinage venaient rendre hommage ?
La Mère mystérieuse.


Brown (que nous appellerons de son nom de Bertram maintenant qu’il a remis le pied sur le domaine de ses pères) entra dans le château d’Ellangowan par une poterne qui paraissait avoir été fermée autrefois avec le plus grand soin. Il errait d’un appartement ruiné dans un autre, admirant ici la massive épaisseur du bâtiment, sa grossière mais majestueuse magnificence, et partout son étendue et sa grandeur. Dans deux de ces appartemens contigus l’un à l’autre, il remarqua des traces qui prouvaient qu’ils avaient été habités récemment. Dans l’un, le plus petit des deux, se trouvaient des bouteilles vides, des os à demi rongés, des morceaux de pain desséchés ; dans l’autre, qui était voûté et qui communiquait au premier par une porte solide, alors ouverte, il remarqua une grande quantité de paille : dans tous deux il y avait eu du feu allumé peu de temps auparavant. Il était loin de deviner que ces circonstances triviales se liaient intimement à des événements d’où dépendaient son bonheur, son honneur, sa vie peut-être.

Après avoir satisfait sa curiosité en parcourant à la hâte l’intérieur du château, Bertram sortit par la porte principale qui donnait sur la campagne, et s’arrêta pour contempler le paysage qui se déployait devant. S’étant inutilement efforcé de deviner la position de Woodbourne, et ayant facilement reconnu celle de Kippletringan, il se retourna pour jeter un dernier regard sur les magnifiques ruines qu’il venait de parcourir. Il admira l’effet majestueux et pittoresque des grandes tours rondes qui flanquaient et rendaient plus imposante la haute et sombre voûte par laquelle on pénétrait dans le château. Les armes de l’ancienne famille, gravées au-dessus