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de son habit (car la difficulté de cette affaire compliquée lui avait fait oublier la dignité de Glossin), moins cela me paraît clair, maître Gilbert ; car il n’est pas vraisemblable qu’il allât attaquer un homme, n’ayant d’autre arme que son couteau de chasse. »

Glossin se débarrassa de la main du diacre et de son objection, mais sans brusquerie ; car il fallait, dans son intérêt actuel, qu’il donnât de lui à tout le monde la meilleure opinion possible. Il lui demanda le prix du thé et du sucre, et parla de faire ses provisions pour l’année ; il donna à mistress Mac-Candlish l’ordre de préparer un dîner délicat pour cinq amis qu’il comptait traiter aux Armes de Gordon, le samedi de la semaine suivante ; enfin, il mit une demi-couronne dans la main de Jack Jabos, que le palefrenier avait envoyé pour lui tenir l’étrier.

« Eh bien, dit le diacre à mistress Mac-Candlish en acceptant un verre de bière qu’elle lui avait offert sur le comptoir, le diable n’est pas si méchant qu’on le disait. C’est un plaisir de voir comme M. Glossin s’intéresse aux affaires du pays. — Oui, c’est vrai, diacre, répondit l’hôtesse ; mais je m’étonne que les gentilshommes laissent faire leur besogne par des gens comme lui. Aussi longtemps que l’argent aura cours, diacre, on ne regardera pas à l’empreinte de quel roi il est frappé. — Je doute que Glossin retire de tout cela autre chose que de la honte, notre maîtresse, dit Jabos en traversant le petit passage devant le comptoir ; mais voilà une bonne demi-couronne, en attendant. »



CHAPITRE XXXIII.

LE CAPITAINE CONTREBANDIER.


Un homme qui pense que la mort n’est pas plus à craindre qu’un sommeil profond ; sans inquiétude, sans souci, sans crainte ni du passé, ni du présent, ni de l’avenir ; à qui la mort est indifférente, et qui par désespoir croit qu’il n’y a rien après elle.
Shakspeare. Mesure pour mesure.


Glossin avait dressé un procès-verbal circonstancié des informations qui étaient résultées de ses interrogatoires ; elles ne répandaient que peu de lumière sur l’affaire et ne pouvaient guère servir ses projets. Mais le lecteur, maintenant mieux instruit que Glossin, a appris par ces interrogatoires ce qu’était devenu Brown depuis le moment où nous l’avons laissé sur la route de Kippletringan, et