Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 6, 1838.djvu/175

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pauvre fille aurait oubliés, tant elle était occupée à regarder un capitaine en activité de service), Brown demanda à son hôte s’il ne se repentait pas d’avoir négligé les avis de l’Égyptienne.

« Qui sait ? répondit-il, ce sont des diables malins ; peut-être aurais-je évité une bande pour tomber dans une autre. Et cependant, je ne dois pas parler ainsi ; car si un jour cette vieille coureuse vient à Charlies-Hope, je lui donnerai une pinte d’eau-de-vie et une livre de tabac pour son hiver. Ce sont de malins diables, comme disait mon vieux père, mais ils vont mal lorsqu’ils sont mal guidés. Après tout, il y a du bon et du mauvais dans les Égyptiens. »

Cette conversation servit comme de texte pour vider une autre pinte d’ale et un autre cherrer d’eau-de-vie et d’eau, comme disait Dinmont dans la langue du pays, après quoi Brown refusa de rester plus long-temps à table. Il allégua les fatigues de la marche et du combat, sachant bien qu’il aurait été inutile de remontrer à son hôte que les libations trop multipliées pourraient nuire à sa blessure. Le voyageur fut conduit dans une petite chambre à coucher, où il trouva un excellent lit pour reposer ses membres fatigués, et les draps confirmèrent l’assertion de son hôtesse, qu’on n’en pouvait trouver nulle part de meilleurs, puisque le lin en avait été filé par Nelly et par elle-même, qu’ils avaient été blanchis sur sa prairie, savonnés dans la belle eau de son puits : et qu’est-ce qu’une femme, fût-elle reine, pourrait faire de plus ? Il faut convenir aussi qu’ils rivalisaient de blancheur avec la neige, et que la manière dont ils avaient été lessivés leur avait donné une odeur très agréable.

Le petit Wasp, après avoir léché la main de son maître pour lui dire bonsoir, se coucha au pied de son lit, et un oubli total vint bientôt s’emparer des sens de notre voyageur.