Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 5, 1838.djvu/92

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« Son cœur était trop avide de gloire
Pour descendre jusqu’à l’amour.
Nulle beauté, même un seul jour,
Sur lui n’eût remporté la plus faible victoire, »


ou si les larges et brillants brandebourgs d’or qui couvraient sa poitrine défiaient les traits que lui lançaient les yeux brillants de Cécilia ; elle ne produisit aucun effet sur lui ;


« Mais je vis où tomba la flèche de l’amour ;
Elle ne tomba point sur une fleur champêtre.
Mais sur un villageois, coq des coqs d’alentour,
Le fils de l’intendant, rustique petit-maître. »


En demandant pardon de ces vers, que je n’ai pu m’empêcher d’écrire, je terminerai ici avec regret l’histoire de la belle Cécilia, qui, comme mainte fille d’Ève, après le départ d’Édouard et l’évanouissement de quelques riantes chimères, se contenta d’un pis-aller, et donna sa main, au bout de six mois, au susdit Jonas, fils de l’intendant du baronnet et héritier (perspective agréable !) de la fortune d’un intendant, et qui devait en outre succéder à son père dans son emploi. Ces avantages ne plurent pas moins au squire Stubbs que le teint frais et les formes mâles du prétendant à sa fille ; c’est ce qui les fit passer sur l’article de la naissance, et le mariage fut conclu. Personne n’en éprouva plus de plaisir que la tante Rachel, qui, autant que son bon naturel pouvait le lui permettre, avait jusque là regardé de travers la jeune présomptueuse, mais qui, lorsqu’elle vit le couple des nouveaux mariés à l’église, honora l’épouse d’un sourire bienveillant et d’une profonde révérence, en présence du recteur, du desservant, du sacristain et de tous les fonctionnaires ecclésiastiques des paroisses de Waverley et de Beverley.

Je demande pardon, une fois pour toutes, aux lecteurs qui ne cherchent qu’à s’amuser en lisant des romans, de les entretenir si souvent de la vieille politique des Whigs et des Torys, des Hanovriens et des Jacobites. La vérité est que je ne pourrais leur promettre que cette histoire fût intelligible ou même vraisemblable sans cela. Mon plan demande que je développe tout ce qui produit l’action ; et l’action ne marche que d’après les sentiments, les préjugés et les opinions des partis de cette époque. Je n’invite pas mes belles lectrices, à qui leur sexe et leur impatience donnent de grands droits à se plaindre de ce que j’ai fait, de s’asseoir dans un char volant traîné par des hippogriffes, ou mû par enchantement.